qui se vantait d’avoir vendu une fois à un capitaine
marchand des lingots de cuivre recouverts d’un peu
d’or, fut bien attrapé, quelque temps après, quand
il reconnut que celui-ci l’avait payé de sa monnaie
en lui donnant des pièces fausses en échange. »
Les îles de Solo sont peu susceptibles de donner
lieu aujourd’hui à un commerce étendu ; mais s’il en
'était autrement, je ne conseillerais jamais aux Français
d’y baser des spéculations considérables, à moins
que la France ne voulût d’abord s’assurer d’une position
dans ces îles pour y établir un comptoir et y entretenir
une force armée suffisante pour fairerespecter
ses nationaux. On dit quelesultan d’aujourd’hui, ainsi
que le datou Molou, qui est l’homme le plus puissant
de Bewan, sont bien disposés en faveur des Européens;
mais ils n’ont pas assez de puissance .pour
contenir la population. Dans un pareil état de choses,
un traité de commerce, quelque avantageux qu’il pût
être pour la nation européenne qui l’aurait signé, serait
toujours insuffisant, car il serait impossible au
sultan de le faire exécuter, et les habitants sont
trop habitués au vol et à la piraterie pour que de
longtemps encore on puisse se fier à eux. Après le datou
Molou, l’homme le plus influent est le datou Tahel, fils
de l’émir Bahar qui reçut M. de Rienzi lors de son
séjour dans ces îles. Cet émir Bahar paraît avoir été
un homme d’une instruction remarquable au milieu
de la population ou il vivait. Il laissa à sa femme,
d’origine espagnole et la seule qu’il eut, dit-on, la
liberté de suivre la religion chrétienne qu’elle professait.
Il la rendit libre et la considéra comme,une
compagne et non point comme une esclave destinée
à le servir. Il parlait et écrivait plusieurs langues. Il
acquit une très-grande fortune qu’il dut probablement
au même moyen que son fils emploie aujourd’hui
pour l’augmenter. Le datou Tahel est le premier
commerçant de ces îles, et il retire la. plus grande
part; des ventes .faites par les pirates qui; amènent
leurs prises dans le port. A la mort de son père , il
reçut avec son héritage le’titre de Radja-Laut (chef
de la mer ) , et dès lors il acquit une influence qui
le place aujourd’hui au nombre des premiers chefs
de l’endroit.
T e l s sont lès renseignements que j’ai pu me procurer
auprès des-capitaines espagnols. Comme on
l’a vu dans le cours de ce récit, je n’ai pu avoir que
bien peu de communications avec cette peuplade qui
a acquis une si triste ; célébrité dans ces, mers et qui
a conservé son indépendance au milieu des envahissements
des Européens. Je terminerai cet aperçu par
quelques observations tirées du journal de M. Mares-
cot, bien que cet officier n’ait pas cité les autorités
auprès desquelles il les a puisées.
« La population des îles Solo est un mélange de Bou-
güis, de Bisayas et de Malais. On y trouve aussi plur
sieurs familles qui descendent des anciennes peuplades
de Mindanao, et qui pour éviter le joug espagnol
se sont réfugiées dans ces îles. »
y y». La population de la grande Solo est, d it-on ,
de 200,000 âmes; je crois que ce chiffre est très