La garnison de Samboangan se compose de deux ou trois compagnies
de métis où tagales ; elle est au besoin renforcée par un corps
de milices, de force à peu près égale. Les soldats, régulièrement
payés par le trésor de Manille, sont assez bien vêtus. Il en est de
même d’un détachement de 50 à 60 matelots formant l’équipage
d’une petite goélette qui est en ce moment désarmée à l’embouchure
de la rivière. Cet équipage est réparti sur les deux chaloupes
canonnières ou felouques qui ont aidé nos corvettes à
gagner le mouillage. La tenue militaire et la propreté de ces
embarcations font honneur aux deux lieutenants de vaisseau
de la Cruz et Âcha , qui n’ont pas oublié les bonnes traditions
de la vieille marine d’Espagne. Ces chaloupes, à demi pontées,
ont sur l ’avant un canon de bronze de six, établi à côté du
mât de misaine, sans en gêner la manoeuvre. Un détachement
de quatre canonniers et un caporal est chargé du service de cette
pièce et de la garde du bateau. Sur le plat-bord sont établis
six pierriers du calibre de une et deux livres, et sur l’arrière se
trouvent une petite cabine pour un officier et les soutes à provisions.
Ces felouques , voilées en chasse-marées, arment vingt
avirons.
La marine des Philippines, suivant l’état donné par l’almanach
de 1838, se compose de :
1 brigadier, commandant de la marine,
1 capitaine de vaisseau chargé des travaux hydrographiques.
3 constructeurs ou ingénieurs , employés dans l’arsenal de
Cavité.
9 lieutenants de vaisseau.
2 alferes.
La marine coloniale ou de kr flottille a un état major composé
de :
6 capitaines.
8 lieutenants.
10 sous-lieutenants.
Nous n’avons qu’à nous louer de l’accueil que nous avons
trouvé à Samboangan, dont les autorités se sont montrées
pleines d’affabilité et d’empressement : toutes les ressources et
les moyens de ravitaillement que peut offrir cet établissement
ont été mis à la disposition des corvettes. La population a été
bonne et hospitalière pour nos matelots. La relâche de Samboangan
est précieuse'pour les navires qui descendent la mer de
Chine ou qui cherehentà remonter à contre-mousson, en passant
par le détroit de Basilan ; ils trouveront sur ce point de Mindanao
un air pur, une bonne aiguade et des vivres frais pour
l’équipage , à assez bas prix ; on peut facilement s’y pourvoir dé
bois de construction pour réparer des avaries, et même trouver
des bois propres à la mâture. Les forêts qui couvrent les montagnes
offrent une assez grande abondance de gibier, surtout
des cerfs et plusieurs oiseaux bons à manger ; elles sont aussi
peuplées d’une petite espèce de singes; mais il est bon de ne pas
trop s engager dans l’intérieur, à moins d’avoir des guides ou
d’être en force pour repousser les sauvages qu’on pourrait rencontrer.
( M. Roquemaurel. )
Note 24, page 239.
La fondation de Manille date de. deux cent soixante-huit
ans. Le gouvernement de Luçon, des îles adjacentes, joint à
celui des Mariannes et des diverses possessions dans cette partie
du monde, est confié à un chef militaire.qui, au titre de gouverneur
, réunit ceux de président de l’audience [v ic ë p a tro n e re a l),
de juge-commissaire de’ là ferme des postes, de directeur des
troupes et de capitaine général : son autorité embrasse tout ce qui
dérive de ses titres, tant pour l’administration que pour la défense
et la sûreté du territoire. Les îles sont divisées en provinces ;
à la tête de chacune d’elles est un chef subalterne qui a le titre de