rement bâtie par les matelots des chaloupes canonnières
placées sous ses ordres. Des bois magnifiques
ont été employés pour sa construction^ Toutes les
planches qui ont servi à former le plancher du Seul
étage qu’elle possède, ont été tirées d’un seul arbre :
leur longueur mesurée comportait 30 mètres au
moins. M. delà Cruz les a conservées sans les morceler.
D’autres pièces de bois d’une dureté à toute épreuve
supportent la toiture. Tous ceS bois ont été coupés
sur l’île de Mindanao et dans les environs de l’établissement.
M. de la Cruz utilisa les salons vastes et
bien aérés de son habitation pour réunir en notre
honneur de nombreux convives. La table était admirablement
servie ; le repas fut des plus gais*
Enfin, T avant-veille de notre départ, le gouverneur
improvisa une fête qui put nous donner une idée des
ressources que pouvait offrir la société de Samboangan ;
pour cela il réunit chez lui toutes les grandes dames
du pays et nous assistâmes à un bal qui ne ressemblait
en rien, il est vrai, à ceux que l’on voit dans la
société européenne; mais qui n’en avait pas moins
son mérite. La réunionne composait d’une vingtaine
de danseuses, femmes ou filles des principaux officiers.
Parmi celles-ci on en remarquait quelques*
unes qui étaient les maîtresses des diverses autorités
espagnoles. Elles étaient lés reines de la fête, et leur
présence ne semblait en rien blesser les règles établies
dans le pays. La plupart de ces danseuses
étaient fort jolies; mais leur costume, semblable à
celui des femmes indiennes du peuple; sauf quelques
additions de mauvais goût, leur donnait une tournure
embarrassée, qui nuisait infiniment à leur
beauté naturelle. Elles se livrèrent à la danse avec
gpieté* comme des femmes qui n’ayant d’autre éducation
que celle de la nature ne savent pas non plus
dissimuler leurs impressions. On lisait dans leurs
yeux combien elles étaient fières d’être admises chez
le gouverneur. Leur gaieté contrastait vivement avec
le sérieux que conservaient la plupart des officiers
de la milice indigène. Ceux-ci, à l’exception de deux
vieillards qui portaient l’uniforme de la marine coloniale,
et qui paraissaient être les ordonnateurs de ;
la fête, se tinrent à l’écart pendant toute la durée
du bal ; peut-être le gouverneur les avait-il prévenus
qu’ils devaient laisser ce soir-là tout le plaisir dè la
danse aux étrangers.
Déjà nous avions pu remarquer combien lés Espagnols
établissaient une différence marquée entre eux
et les officiers indiens auxquels ils commandaient.
Ceux-ci n’avaient paru dans la salle de bal qu’en
uniforme et vêtus de leurs habits les plus somptueux
, tandis que M. Sanz avait exigé de nous , eh
nous en donnant l’exemple, que nous quittassions
nos incommodes vêtements de drap, pour revêtir des
gilets de cotonnade blanche beaucoup plus légers,,
mais aussi indiquant une mise bien plus négligée.
Bientôt nous fûmes témoins d’un fait qui vint nous
prouver que , malgré la familiarité apparenté avec
laquelle Tés Indiens étaient traites , il existait toujours
une distinction tranchée entre eux jet les Es-
VU. * 15