1839. laisser tomber l’ancre très-près de la petite île Luce-
Jiiin. _ ,, , para, afin d y passer la nmt.
21 Nous trouvâmes au mouillage un compagnon de
route ; c’était un brig portant pavillon hollandais ;
comme nous il mit à la voile de grand matin pour
continuer sa route; il sortait du détroit au moment
où nous y entrions, et nous nous perdîmes bientôt
de vue. Le bras de mer qui sépare les fies Banca et Sumatra
, est embarrassé vers le sud par des bancs nombreux
dont les limites sont encore mal connues et qui
ne sont point sans dangers, dit-on, pour la navigation.
Nous les dépassâmes heureusement par des
brassiages variant de six à huit brasses, en nous tenant
à peu près à égale distance des côtes de ces deux
terres. Rien n’est plus uniforme que la vue d'e ces
rivages; Sumatra présente une longue ligne uniforme,
formée par les mangliers de là côte qui baignent
leurs pieds dans la mer. Nulle part on n’aperçoit
de plages ni aucunes traces d’habitants. L’fle Banca
se termine aussi à la mer par une terre basse couverte
d’arbres ; mais quelques rares sommets isolés et peu
élevés apparaissent dans l’intérieur, et ses bords paraissent
plus habitables et aussi plus habités. De forts
courants traversent ce détroit dont nous avions à
peu près parcouru la moitié de la longueur, lorsque
22 nous mouillâmes pour passer la nuit près fies fies
Nanka.
Le lendemain nous aperçûmes de loin le pavillon
hollandais flottant au-dessus de leur établissement
principal sur Banca, au pied de la montagne la plus
élevée de l’île; un navire , qui s’était détaché de la iléé
Juin, côte, faisait la même route que nous ; avec la nuit
nous ne tardâmes pas à le perdre de vue*
Nous avions déjà successivement relevé les îles
Poulo taya, Varela, Sinkep, Calantiga, et le pic de
Lingin; pour la quatrième fois, nous avions coupé ,
l’équateur, et,nous étions rentré dans l’hémisphère 23
septentrional ; lorsque le 26 au matin nos corvettes
dépassèrent les Trois Frères et se présentèrent pour
franchir les détroits de Dryon.
Ces canaux étroits, et pour la plupart mal connus,
sont formés par un grand nombre d’îles fie peu d’étendue,
parmi lesquelles les plus grandes et les plus remarquables
sont la grande, l&petite, et la fausse Dryon.
J’espérais profiter fie la journée tout entière pour
traverser ces labyrinthes, et donner à M. Dumoulin
la possibilité de fixer un grand nombre de positions
géographiques ; mais à midi, la brise qui s’était montrée
jusque-là si favorable à mes projets , tomba
tout d’un coup et livra nos corvettes à l’action des
courants. Dans moins d’une heure, ils nous eurent
fait perdre tout ce que nous avions fait de route au
delà des Trois Frères ; et lorsque vers les quatre heures
une pluie fine nous ramena le vent, ce fut tout ce
que nous pûmes faire que de reprendre avant la nuit
la position que nous avions atteinte à midi. Grâce
ensuite à cette même action des courants qui, à la
marée suivante, changèrent de direction en conservant
leur vitesse , nous franchîmes lestement les détroits
de Dryon ; mais alors la nuit était très-noire,