1839. sur le sol lorsque nous,y dirigeâmes notre promenade.
Notre hôte ne voulut nous laisser* rentrer à bord
qu’après nous avoir fait dîner. Il me montra, chez
lui, sa collection de coquilles; pliepétait nombreuse
et composée d’échantillons bien choisis, il m’en offrit
plusieurs des plus rares que j’acceptai, sauf toutefois
à les remplacer par des sujets collectés pendant
la campagne.
. M. Balestier avait, à ce qu’il m’assura, beaucoup
connu son compatriote le capitaine Morell, et j’en
profitai pour le questionner. Le portrait qu’il m’en
fit était loin d’être flatteur ; il le désignait comme un
grand hâbleur dont la véracité devait toujours être
suspectée ; il m’a,ssura aussi que l’histoire que ce baleinier
avait répandue au sujet de l’existence d’un
enfant de notre infortuné compatriote Lapeyrouse,
était un conte fait à plaisir. J’avoue, du reste, que
déjà j’étais entièrement fixé à. cet égard, et que les
bruits qui s’étaient répandus en France ,à ce sujet au
moment de notre départ, me paraissaient tellement
dénués de fondement, que je ne m’y étais pas arrêté
un seul instant.
23 , J’avais destiné une partie de la journée du lendemain
pour écrire à ma famille, etj’étaisàbord, lorsque
je reçus la visite de M. de Courvoisier, évêque in par-
tibus de Nilopolis, accompagné d’un jeune abbé et
d’un prêtre chinois, converti depuis longues.années
à la religion catholique dont il est devenu le ministre.
J’avais déjà longuement causé, de nos missionnaires
avec les fonctionnaires anglais, et tous s’étaient accordés
à vanter leurs vértus privées, tout en blâmant
leur intolérance. " - 3
M. de Courvoisier est un homme âgé, portant sur sa
figure vénérable ün air de bonté et de charité remar^
quàblè ; il témoigna une grande joie à revoir des navires
français et des compatriotés. Je lui offris mes services
et lui donnai l’assurance que je ferais tout ce qui dépendrait
de moi pour que notre passage fût utile à la
mission. Lorsqu’il quitta nos corvettes, il reçut de
chacune d’elles un salut de neuf coups de canon. A la
vue dés honneurs qu’on lui rendait, il témoigna une
joie d’enfant ; cependant, bien certainement aucune
pensée d’amoür-propre ne vint traverser sa pensée
d’une : humilité to ute chrétienne, mais if fut très-
seüsible à cet hommage accordé à son caractère religieux
comme rehaussant sa religion aux yeux dès’
étrangers' au milieu desquels il vivait. M. de Com>
vôisièr avait le titre d’évêque de Siam, mais à la
suite des persécutions incessahtes dont les missions
étaient menacées dans le Japon, il avait cru devoir,
dans leur intérêt, fixer le siège dé l’évêché à Sinca-
pour: il faisait, disait-il, de nombreusestoùrnéès à
Màlacà et à Pénang ou il comptait un grand nombre
de catholiques. Le soir, l’évêque voulut réunir à sa
table tous les officiers de nos Uavirès. Mais j’avais
:dëjà*un rendez-vous à quatre heures avec'le cohsül
américain, et il me fut impossible d’accèpter son
invitation.
Dans la soirée, M. Balestier voulut bien, sur ma demande
, me conduire à la roche appelée Batou SiricU