JuS su^tan) » maison en bambou des plus modestes et construite
dansle même système que les autres habitations
malaisés. Nos détachements se placèrent sur deux
rangs au milieu d’une cour, en face du palais du sultan.
Bientôt ils furent entourés par une masse com-
pi.cxxxvni. pacte d’hommes, les uns à pied, ies autres à cheval,
mais tous armés de kriss, de lance&et de boucliers.
Leurs cris, leurs disputes entre eux, enfin leur air
peu bienveillant, semblaient indiquer qu’ils nous
voyaient du plus mauvais oeil. Datou-Molou épuisa
vainement son éloquence pour les engager à se retirer:
ceux-ci parurent fort peu l’écouter. Toutefois
ces hommes turbulents ne firent aucune tentative
hostile contre nos détachements, qui restèrent paisiblement
l’arme au pied pendant toute la durée de la
conférence.
Tout cela était fait pour donner une triste idée
de la puissance du sultan. Son autorité ne fut pas
même suffisante pour faire respecter sa demeure;
en un instant elle fut envahie par une foulé nombreuse,
au milieu de laquelle nous eûmes de la peine
à nous faire jour pour arriver jusqu’à lui, La salle
dans laquelle nous reçut le sultan était vaste et
mal meublée ; le plancher de bambou était couvert
de nattes; au milieu figurait une table, près de laquelle
ce chef était assis. Au fond se trouvaient entassés
le long dé la muraille plusieurs étages de
grands coffres, provenant sans doute des rapines de
ces forbans ; enfin une grande quantité de chaises et
de fauteuils généralement en fort mauvais état,
DANS L'OCÉANIE. 163
complétaient l’ameublement. Après s’être levé pour
me saluer, le sultan reprit sa place près de la
table. A sa droite il plaça Datou-Molou, le chef le
plus puissant de l’île. A sa gauche il fit asseoir Datou-
tahel, qui, après Molou, est l’homme le plus riche
et le plus influent. Une grande quantité de
datous, de chefs montagnards portant des figures
vraiment barbares, se tenaient droit derrière le sultan.
Je me plaçai en face ; les officiers qui m’accompagnaient
au nombre de dix-huit se rangèrent
sur des sièges, autour de la table, et nous nous trouvâmes
bientôt entourés par une foule compacte qui
avait déposé 'il est vrai ses lances à la porte, mais
qui conservait encore lé kriss à la ceinture.
L’agitation qui animait toute eette population au
moment de notre entrée dans le dalem, fut longue à se
calmer. Cependant le Silence s’étant établi, je voulus
entrer en conférence avec le sultan ; ce fut le ministre
Molou qui, s’exprimant assez bien en espagnol, se chargea
à chaque fois de me répondre, après s’être consulté
à voix basse avec le sultan. «J’ai appris à Sincapour,
lui dis-je, que le sultan de Solo avait écrit il y a environ
un an au roi des Français pour l’invitér à lui envoyer
des navires de commerce et faire un traité de paix
avec lui. Je me suis exprès dérangé1 de ma route
pour passer à Solo et assurer sa population des intentions
bienveillantes de Sa Majesté le roi des Français.
Jadis, ajoutai-je, la mauvaise réputation des
habitants de Solo, comme brigands et comme piratés
, avait empêché les navires de commerce