disparu, la brise était régulière, et nous courrions
sur la pointe nord de Bornéo.
Le nommé Pied, matelot de première classe à bord
delà Zélée, succomba dans la journée du 15: c’était un
marin entendu, un homme tranquille, recommandable
par son zèle et sa soumission; il fut vivement
regretté par tout le monde. Depuis longtemps il était
atteint par la dyssenterie, par cette maladie affreuse
qui plus tard devait nous enlever tant de nos braves
et infortunés compagnons.
Le lendemain nous passions à peu près à égale distance
entre les récifs désignés sous les-noms de
Louisa et Royal-Charlotte, pour prendre connaissance
de la pointe nord de Bornéo; le 17 à midi
nous apercevions, quoique de fort loin, la montagne
de Kinî-Balo et les hautes terres qui dans
cette partie forment le rivage de Bornéo ; bientôt
un grain violent nous amena beaucoup de vent et des
torrents de pluie ; mais il fut de courte durée. Dans la
soirée nous reconnûmes d’assez près les îles Mantan-
nane qui sont basses et peu étendues» Nous passâmes
près de l’écueil Barton sans rien apercevoir; nous
étions encore assez loin de Tanjong - Sampanmanje,
lorsque la prudence me commanda de m’éloigner dé
la terre pour la nuit; bientôt en effet nos corvettes
furent assaillies par des grains violents qui enlevèrent
à la Zélée sont petit hunier.
Au point du jour, je reconnus que nous avions été
entraînés dans le nord par le courant, et .qu’il ne
m’était plus possible de passer au sud des îles Balambangau
et Benguey. Dès lors je serrai le vent jÉII
Juillet. pour rapprocher ces terres et les prolonger dans le
nord. La première de cesîles est médiocrement élevée
et peu accidentée, la seconde est surmontée par un
petit sommet totalement boisé. Nulle part nous n’aperçûmes
de traces d’habitants. Dans la soirée nous
avions doublé tous les récifs qui bordent la côte de
Benguey dans le nord, et nous apercevions les hauts
sommets de Cagayan-Solo ; mais la brise mollit tout
à coup, et nous ne pûmes nous approcher que dans la 20
journée dû surlendemain , des îles qui forment l’archipel
de Solo que je voulais visiter.
Le 20, de grand matin, la vigiesignala une petite
île basse et boisée sur tribord, faisant partie probablement
du groupe désigné sous le nom de banc Tahow;
bientôt nous aperçûmes lés îles Dokan. De forts courants
nous avaient entraînés dans le sud; un instant
même je crus que les terres basses qui se trouvaient
devant nous, étaient les îles Peugootaran, et je fus sur
le point d’engager nos corvettes dans l’archipel Dokan,
mais enfin les hauts sommets qui couronnent la
grande île de Solo se dégagèrent, et nous pûmes
faire route pour gagner le mouillage. Les îles Dokan
sont séparées des îles Oobeean et.Pangootaran par un
espace de mer qui paraît embarrassé par de nom- 21
breux récifs :1a sonde y indiquait un brassiage très-
irrégulier. Le soir je crus devoir courir une bordée au
large pour éviter tout danger ; le lendemain, poussés
par une belle brise, nous eûmes bien vite dépassé
cette nombreuse bande d’îles basses et boisées qui s’é