» Tous les fonctionnaires qui viennent d’être cités, à
l’exception des conseillers des Indes, sont révocables
à la volonté du gouverneur général qui fait aussi toutes
les promotions dans l’armée jusqu’au grade de colonel
inclusivement. Celle-ci est tout à fait distincte
de l’armée hollandaise d’Europe. L’avancement se
donne tout à l’ancienneté ; mais le gouverneur général
peut passer le tour de l’officier qui aurait fait naître
par sa conduite quelque sujet de mécontentement ;
on conçoit qu’armée de telles prérogatives l’autorité,
du gouverneur soit très-redoutée : aussi, les fonctionnaires
, dont l’existence dépend de lui, osent à peine
se permettre la moindre critique, de ses actes./ Des.
plaintes adressées en Hollande sur l’administration
ont fait encourir plusieurs années de disgrâce, à un
fonctionnaire de l’ordre le plus élevé, qui s’.,était permis
de les rendre publiques. Les commerçants étrangers
les plus riches, que le gouverneur général peut
forcer à quitter la colonie dans le; plus court délai
possible, osent à peine se permettre tout haut la moindre
observation sur les, abus d’un pouvoir aussi illimité,
de crainte de se compromettre. Pendant notre,,
séjour, les fonctionnaires ne cessaient de nous faire,
l’éloge du système d’administration de Java, dans des
termes évidemment exagérés car, quelques grands
que soient les résultats qu’il a produits, et les .revenus
que retire la Hollande de cette colonie, ce,régime
administratif n’en est pas moins, sujet à.la critique la
mieux fondée, au moins sous le rapport du principe
qui en est la base.
» La révolte du régent de l’empiré de Solo, qui a eu
lieu en 1826 , et qui a càtisé de si vives inquiétudes
aux Hollandais , leur a offert , une fois qu’elle a été
comprimée! la plus belle occasion d’agrandir leur
territoire en mettant tout à fait sous leur dépendance
lés sultans de Surakarta et de Djocokarta ; en leur
aplanissant la voie pour marcher à la conquête absolue
de l’île vers laquelle leur politique a toujours
tendu. Les souverains de ces deux royaumes, déjà
liés avant cette époque avec le gouvernement hollandais
par des traités qui donnaient à celui-ci le droit
de choisir dans leur famille celui qui devait leur succéder,
d’occuper dés positions militaires dans leur
territoire,' et d’avoir toujours auprès d’eiix un détachement
dé ses troupes pour garder leurs personnes
, conservaient encore assez d’influence sur leurs
peuples, pour sé rendre redoutables et exciter les défiances
dë leurs alliés. Mais aujourd’hui, les derniers
traités lés ont mis tout à fait à la discrétion des Hollandais:
une partie de leufs possessions a été donnée
en apanage à un prince qui était autrefois du nombre
de leurs vassaux, en récompense des services qu’il a
réndus dans la guerre. Ces deux souverains, salariés
par la Hollande, qui leur a donné de fortes pensions
en dédommagement de la perte de leur autorité, n’en
conservent plus qu’une nominale sur leurs sujets ; ce
ne sont plus que des instruments dont leë Hollandais
sentent encore aujourd’hui la nécessité de sé Servir,
mais qui leur paraissent déjà bien onéreux, et dont,
à la première occasion, ils se débarrasseront tout à