heureux habitants qui sont obligés de chercher des
racines pour se nourrir et qui souvent dévorent toutes
sortes de vermine pour assouvir leur faim. Le
plus souvent ces malheureux sauvages sont gouvernés
par des princes cruels et ambitieux qui ayant
besoin d’argent se font les premiers commerçants;de
la tribu, et ne craignent pas d’enlever le peu de riz
qui reste aux habitants. Ils profitent des moments de
détresse pour demander le doublent souvent le triple
de la valeur des objets que leurs sujets sont forcés
d’acheter à ces princes avides.
» La canne à sucre n’est encore cultivée que parles
Chinois; elle est d’une excellente qualité et viendrait
facilement dans les terrains de Bornéo, mais
jusqu’ici elle n’a été exploitée qu’avec des moyens
très-imparfaits. Les Chinois font usage de cylindres
en bois pour presser la canne et en exprimer le jus ;
ils se servent de moulins à bras sans jamais employer
les bêtes à cornes qui, d’ailleurs, comme je l’ai déjà
dit, sont très-rares dans l’île. On peut récolter environ
1200 picols* de sucre par an, mais, pour obtenir
ce chiffre, il faut employer les plus grands efforts.
La plus grande partie se consomme sur les
lieux. Le sucre est de très-bonne qualités il. est généralement
supérieur à celui que l’on récolte à Java.
Les moyens de transport sont faciles à cause des rivières
; d’un autre côté, la terre de Bornéo est encore
abondamment pourvue de bois à brûler, en sorte que
je ne doute pas que si la culture de la canne à sucre
se propagèait „dans l’î le , elle'fournirait bientôt
fies cargaisons considérables de sucre fie qualité au
moins aussi bonne que celui que l’on tire de Java.
» On rencontre dans les forêts beaucoup d’arbres
de l’espèce désignée dans le pays sous le nom de
Sagouer*, on en retire une espèce de sucre de couleur
brune et d’un très-bon goût dont les habitants font
le commerce ; les contrées de Tayang et de Siempang
■sont les plus renommées pour la culture du sagouer.
» Sur lès côtes et surtout dans Les ports marécageux
où les Bougines se sont établis, ils ont planté des jardins
de cocotiers. Ces arbres donnent des fruits au
bout de deux années et lorsqu’ils ont à peine quatre'
à cinq pieds de hauteur ; on attribue cette fécondité
exraordinaire à la couche épaisse fie détritus végétaux
qui recouvre le terrain des côtes. On ne trouve
pas de cocotiers dans l’intérieur des terres, les habitants
du bord de la mer en font commerce avec ceux
fie l’intérieur et leur portent des noix de coco à un
prix peu élevé;
» La, culture du café n’a été introduite dans le haut
pays'de Sambas qu’en 1823 ; à cette époque cette
plante utile avait parfaitement réussi, en sorte q’il
n’y a pas le moindre doute qu’elle ne puisse offrir
des résultats avantageux ; mais les hostilités qui écla^
tèrent entre les Hollandais ét les cblônies chinoises
de l’i e pendant les années suivantes entraînèrent la
destruction de presque toutes les plantations de café.