chaussée avec ses hommes. Nous fûmes bientôt re-.
joints par M. de la Cruz, que nous priâmes de vouloir
bien nous conduire auprès du gouverneur, ce à quoi,
il se prêta volontiers.
Don Manuel Sanz, actuellement gouverneur de
Samboangan, est un ancien colonel d’infanterie :
c’est un homme de 50 à 55 ans, peu habitué à la
représentation, et détestant toutes les. formalités fie
l’étiquette qui peuvent gêner; mais aussi c’est un
homme généreux, très-affable, et surtout £ès- cordial.
IÎ nous fit une réception des plus aimables ; avec son
caractère de franchise, nous fûmes tout de suite à
notre aise. Ses offres de service furent faites de manière
à ne pas être refusées ; il nous offrit sa maison,
sa table, ses chevaux et sa voiture. Sa maison est
vaste et bien aérée, on y trouve tout le confortable
désirable, mais il n’y a point de luxe. Aussitôt arrivés,
il nous proposa de quitter nos vêtements de drap
d’uniforme, toujours si gênants, dans les contrées
brûlantes des tropiques ; il les remplaça par de$ vêtements
de cotonnade blanche avec lesquels on est
si à l’aise, et qui forment le costume principal des
Européens établis aux colonies. Nous acceptâmes
aussi son déjeuner offert avec grâce et bienveillance.
A midi nous étions encore chez le gouverneur, lorsque
la population, accourue sur la grève pour jouir
du spectacle de nos corvettes répétant le salut de 21
coups de canon, vit arriver sur la rade un beau trois-
mâts de commerce anglais , qui vint y mouiller
pour laisser passer le courant de jusant. C’était le
Mahommedia, appartenant à une maison de commerce
de Bombay. Son Capitaine ne tarda pas à venir
faire sa visite au gouverneur; il nous apprit qu’il
venait • de Macao, où il avait porté une cargaison
d’opium qu’il n’a pu vendre et qu’il y a laissée en
dépôt. Tous lès Européens avaient quitté Canton
■ pour se retirer à Macao, te s Américains seuls avaient
continué à occuper Canton. Ce batiment comptait
Û0 jours de traversée : sur sa route il avait essuyé
un de ces ouragans désignes sous le nom de typhon.
En me donnant la daté de l’époque où il avait reçu
cette bourrasque, jéme rappelai qu’alors nous étions
sur la côté dé Bornéo, à l’embouchure de lâ rivière
Sambas, et il èst probable que nous dûmes à cette
circonstance les vents violents que nous éprouvâmes
quelques heures après que je m’étais décidé à quitter
le mouillage daûgéreux que nos corvettes occupaient
sur cette côte.
Le capitaine du Mahommedia comptait passer par
le détroit de Makassar en quittant Samboangan, il espérait
avoir atteint Bombay dans 35 à 40 jours. Désireux
de profiter' de cette circonstance pour faire
parvenir quelqüés lettrés en Europe, je né tardai
pas â regagner mon bord afin de préparer mon courrier.
Mais le sOir je vins de nouveau, avec M. Jacqui-
not et M. Ducorps, m’asseoir à la table du gouverneur;
elle était surchargée de mets à l’espagnole,
parfaitement accommodés et d’un excellent goût.
Au dessert le capitaine anglais et quelques-uns de
ses passagers vinrent visiter M. Sanz. La soirée
1859.
Juillet.