la Mecque. Aujourd’h u i, cette influence religieuse paraît détruite;
Soog, sous ce rapport, ne l’emporte sur aucun des pays
avoisinants, et je crois même qu’aucun lieu n’a d’ascendant
bien marqué sur les autres, comme plus particulièrement saint
dans l’archipel d’Asie.
[M. D e sg ra z.)
Note 20, page 202.
A huit heures du matin, je descendis chez le datou Tahel,
qui s’empressa de nous offrir le chocolat; j’y rencontrai un chef
de la montagne, le datou A b d o u lla , qui m’engagea à l’accompagner
dans l’intérieur. Bientôt nous montâmes à cheval ; une
longue suite de gens armés forma notre escorte et nous nous
mîmes en route. Le pays que nous traversions était admirable
de végétation : de tous côtés on apercevait des cultures bien entretenues
sur lesquelles l’oeil se reposait avec plaisir. Il nous
fallut marcher pendant uneieure avant d’atteindre la demeure
d’Abdoulla, chez qui m’attendait la réception la plus amicale.
Après dîner, nous fîmes encore une jolie promenade à cheval,
toujours accompagnés par une nombreuse escorte armée et par
les deux fils du chef. Je voulus, pour reconnaître l’hospitalité
de ce respectable vieillard , lui faire cadeau d’une belle paire
de rasoirs que je possédais, d’une livre de poudre fine et d’une
boîte de capsules ; en retour , Abdoulla m’offrit une jolie petite
antilope que je refusai ,puis il me présenta deux douzaines de
nids blancs d’hirondelles qu’il me priait d’accepter, mais je le
remerciai, ne voulant emporter de lui que le souvenir de sa
cordiale hospitalité. Il me présenta ses deüx petits-fils, qui
étaient les plus jolis enfants que j’aie jamais rencontrés. Parmi
ses nombreuses femmes, i j’en remarquai ime qui portait le
costume européen, mais je ne pus apercevoir son visage,
car elle se cachait de moi soigneusement. Le vieux datou
m’assura que c'était une jeune fille des environs de Manille,
qui appartenait à son fils aîné. Il était six heures du soir lorsque
je fis mes adieux à mon hôte, ü me donna son jeune'
fils et une nombreuse troupe de domestiques pour m’accompagner.
Je regagnai la ville. Nous descendîmes d’abord chez
Tahel, mais à huit heures je me rendis chez le datou Molou,
qui avait engagé plusieurs personnes à passer la soirée chez lui.
J’y rencontrai MM. Jacquinot, Thanàrou, Desgraz, Huon,
Deflotte et Boyer; plusieurs datous y étaient aussi réunis. La
soirée fut charmante, on chanta, on dansa et on fit de la musique.
Vers les onze heures, on nous présenta une table admirablement
servie en fruits, en pâtisseries et en liqueurs de toute espèce ; nous
y bûmes d’excellents vins d’Espagne, puis on nous offrit du thé,
du café et du chocolat dans un magnifique service de porcelaine
de Chine. La conversation se faisait généralement en espagnol.
Le datou, qui commençait seulement à être persuadé que nous
étions bien réellement des Français, et non pas des Hollandais,
nous exprima tous ses regrets de ne nous avoir pas fait dès le
début une réception plus amicale ; il parut désolé quand nous
lui apprîmes que notre départ était irrévocablement fixé au
fepdpTnaip- Pour nous faire honneur, il avait réuni chez lui un
orchestre complet composé d’une basse, de clarinettes, de flûtes
et de violons. Il était minuit, et j’étais resté seul parmi les officiers
à la soirée du datou, lorsque je lui fis mes adieux ; il me
fit reconduire dans un canot armé par ses gens et il me fit cadeau
d’un kriss magnifique. Dans la soirée, j’eus l’occasion de parcourir
plusieurs fois la ville et de satisfaire ma curiosité : je ne
remarquai jamais dans les habitants rien qui pût me causer la
moindre crainte j il était évident,qu’ils commençaient à s’amender,
et que notre confiance ainsi que nos démarches toutes pacifiques
commençaient enfin à calmer toutes les craintes que nous
avions d’abord inspirées.
( M. Gervaixe.)