l’éloge qui avait ourdi tout le complot; de plus,
il m’assura que tous les renseignements que nous
avions obtenus sur ce peuple barbare et que j’ai consignés
dans cet ouvrage étaient parfaitement exacts.
Il fne dit aussi que le port de Tulian était bien préférable
à celui de Bewan, mais que les habitants
en étaient bien plus barbares encore. Il paraît que
ces hommes en général redoutent beaucoup les canons
et les fusils; mais lorsqu’ils peuvent combattre
à 1 arme blanche, ils montrent beaucoup de courage.
Cette année-ci M. de la Cruz devait aller visiter Ma-
nado; l’année passée il avait touché aux îles Sanguir
qui ont failli nous être si fatales.
On ne peut nullement juger la population de Mindanao
par celle de Samboangan ; celle-ci se compose
des descendants des Tagals, des Bisayas, des Mexicains
et des Espagnols qui vinrent successivement peupler
l’établissement dès sa fondation. L’opinion que les
habitants de Samboangan ont conservé dans leurs
veines du sang des premiers indigènes, et qui est la
mienne, trouve encore aujourd’hui de nombreux contradicteurs.
Ceux-ci prétendent qu’à l’époque où les
jésuites, dominateurs absolus de l’île Luçon;vinrent
jeter les premiers fondements de cette colonie* le
pays était alors déserti Afin d’y attirer une population
libre, on exempta , disent-ils, de toute espèce de
tribut les Indiens qui vinrent s’y fixer, et ee privilège
fut toujours conservé depuis aux habitants. Chaque
habitant n’est en effet assujetti qu’à payer une
contribution excessivement faible ; d’entretien de
rétablissement est encore aujourd’hui soldé par
les tributos de chaque province des Philippines. Plus
tard* l’isolement de l’établissement, la nature du
pays le firent juger propre à devenir un présidio,
destination qu’il a conservée jusqu’à ce jour, quoique
aujourd’hui on n’y déporte presque plus de condamnés.
g Quoi; qu’il en soit, les moeurs des habitants de
Samboangan se rapprochent beaucoup de celles des
Tagals de Manille. Comme eux, ils sont doux: et très-
portés vers tous les plaisirs; mais ils sont loin d’avoir
leur défiance et leur orgueil de race qui tend
à maintenir à Luçon les Tagals séparés des Espagnols.
Les habitants de Samboangan font au contraire consister
leur fierté à se confondre avec eux, ils affectent
de ne parler entre eux qu’en espagnol *!#t ils
tirent une grande vanité du peu de sang espagnol
qui coule dans, leurs veines; il n’est, pas de famille
qui ne recherche l’alliance des blan c s . car ceux-ci
constituent toujours à leurs yeux une espèce de noblesse
et des êtres réellement supérieurs à eux. Grâces
peut-être à ces moeurs des naturels, il résulte que
bien que la prostitution des femmes paraisse très-
rare à Samboangan, les liaisons illicites de gré à gré
sont ' excessivement fréquentes, et les j eunes filles
se trouvent toutes très-honorées lorsqu’elles peuvent
devenir les maîtresses des officiers espagnols. Du
reste, ces liaisons paraissent généralernent admises ;
ainsi, au bal que nous offrit le gouverneur, on voyait
toutes les femmes ou filles des officiers indiens ; re