l’eau. Dans l’impuissance où les navigateurs se trouvent
d’y mouiller leurs-vaisseaux, ils sont venus
rarement visiter ces rivages. Tout en regrettant vivè-
ment de ne pouvoir y faire un plus long séjour, je me
félicitais de la détermination que j’avais prise de remettre
à la voile dès le matin et avant que le vent
soufflât avec force. Plus tard, dans notre rélâche à Ti-
mor-Coupang, je rencontrai M. Van denDungen Gro-
novius, qui avait habité Bornéo pendant 12 ou 15 ans
comme résident, soit à Sambas soit à Potianack, et
il voulut bien me donner sur les productions de cette
grande terre des renseignements qui ne peuvent manquer
d’intéresser notre commerce, et que je rapporterai
ici tels qu’ils m’ont été livrés*.
* Ces renseignements sont tirés d’un manuscrit hollandaisjjuç
j’ai trouvé dans les papiers de Dumont d’Urville, mais qui ne
porte aucune -signature. Lors de notre passage à Timor-Cou-
pang, M. Gronovius, qui y était résident, me montra une carte
très-détaillée de Bornéo et le manuscrit dont il est ici lait mention.
La carte me fu t, à cette époque, confiée par son auteur
pour la publier dans l’histoire du voyage , elle est annexée au
sixième volume. ; elle porte les indications des lieux où se trouvent
les mines d’or, d’argent, de fer, etc. Ces indications'ont
été évidemment mises pour servir à la lecture du mémoire.
A la date'du 25 juin 1840, époque de notre passage à Timor-
Coupang , on lit, dans le journal de d’Urville., cette phrasegl
I l [M . Gronovius) m ’a apporté e t offert toutes ses notes de
Bornéo, donné une insc ription trouvée sur une p ierre p rè s S a n -
gouw. Le fac-similé de çette inscription ne fait pas partie du
manuscrit.
On lit encore dans le journal de d’Urville, à la date du
25 juin 1840 (séjour sur la rade de Timor-Coupang)r une note
relative à un fait important qui doit nécessairement trôùver sa
» Le terrain de la côte de Bornéo est en général très-
plat ; il n’offre dans la rivière de Sambas que quelques
hauteurs dispersées çà et là sans former de chaîne
continue ; toutefois le pays est riche en métaux et
en pierres précieuses, tels que or, diamant, fer,
étain, pierre d’aimant, antimoine et cristal. Les fo^
rêts sont abondamment pourvues d’arbres fruitiers
de toute espèce ; le sagoutier, le bois de fer, celui d’ébène
y sont très-communs ; on y remarque aussi des
joncs et des gommiers.
» Dans les montagnes et sur les îles on trouvé
beaucoup de nids d’hirondelles , si recherchés par
les Chinois ; la mer fournit des tortues, des holo->
tljuries et des perles. En général la côte Occidentale
de Bornéo est un pays très-riche ; malheureusement
lès hommes qui l’habitent sont encore plongés
dans la barbarie; l’agriculture, qui fait la ressource
des États bien plus encore que les mines.d’or et d’argent,
est encore dans l’enfance; la culture du riz s’y
trouve très-restreinte, bien que l’on puisse l’étendre
avec beaucoup de succès ; presque tous les habitants
de la côte de Bornéo se livrent au commerce et
méprisent les travaux de la terre. Les plantations de
riz sont insuffisantes même pour subvenir aux besoins,
des naturels. On apporte le grain, en quantitéconsb
place ici ; la voici textuellement : M. Gtotiov ius a vu lui-même
p lu sieu rs in d iv idu s hommes à queue de B o rn é o , se prolong eant
(la queue) jusqu 'à 18 à 24 lign es, et de la grosseur de son p e tit
doigt. I l a affirmé ce fa it positivement comme très-positif.
Y. D.