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Juin. tant prêchées par les publicistes anglais. Si la vérité
de ces doctrines condamne, en théorie, les actes du
gouvernement hollandais, et lui donne tort, quant
au fond, il n’en faut pas moins reconnaître que ce
n’est ni dans l’intérêt de la Hollande, ni dans celui
du peuple javanais, que sa rivale en colonisation veut
la faire revenir à un système plus libéral ; la pratique
a déjà prouvé que, si l’Indien n’était pas obligé
de travailler pour acquitter son impôt, une grande
partie de cette belle île serait encore inculte, et que,
retombant dans la misère et le servage, il rétrograderait
vers la barbarie dont il est à peine sorti. On ne
peut nier que le régime actuel, tout fiscal et «oppressif
qu’il est, n’ait amélioré sa condition matérielle :
n’y eût-il que ce seul bien de produit, la conquête
hollandaise a été avantageuse aux vaincus et peut se
justifier jusqu’à un certain point.
»Mais, comme il ne suffit pas pour un peuple de
jouir du bien-être matériel, et que le but de la civilisation,
qui légitime les conquêtes, exige qu’on travaille
à améliorer la condition morale du peuple conquis,
on peut demander aux Hollandais s’ils ont compris
la grandeur de leur mission , et par quels actes
ils peuvent le prouver. Cette question les embarrasserait
beaucoup, car leur politique a porté partout le
cachet de l’égoïsme; ils n’ont jamais envisagé que les
intérêts de leur commerce* et les peuples conquis,
que comme des instruments appelés à produire les
denrées nécessaires à son alimentation. Loinde chercher
à les édairer, ils les ont maintenus avec soin
dans un état d’ignorance qui rend les hommes plus
dépendants, se bornant à abolir chez eux quelques
supplices barbares par trop révoltants, et quelques
coutumes qui pouvaient troubler la tranquillité de
leur domination. Si celle-ci s’est établie sous les
cruautés qui ont rendu si odieuse la domination des
Espagnols en Amérique et dans leurs colonies , le Javanais
, qui est devenu leur sujet, a toujours constitué
à côté d’eux un peuple à part, dans une position
toujours inférieure, ne pouvant jamais aspirer à un
rôle égal à celui de ses maîtres, privé à tout jamais
de ce droit de concours au gouvernement de son pays
que donnent aux Indiens des Philippines les franchises
municipales dont ils jouissent, droit qui les relève
à leurs propres yeux, leur inspire le sentiment de
leur propre dignité, et en fait un peuple supérieur
aux Javanais. Il est vrai que l’Indien des Philippines
abuse de cette liberté eh se livrant à son aise à ses
goûts de paresse, et que son sol si riche est loin d’être
aussi peuplé et aussi productif que Java; mais au
moins la conquête a été pour lui un bienfait, puisque
l’Espagnol civilisé, en lui donnant sa foi et ses
moeurs, l’a élevé à son niveau, et n’a jamais songé à
s’enrichir du fruit de son travail. On n’y voit pas cette
inégalité choquante qui existe dans les colonies; hollandaises
entre les indigènes et les blancs». Là les premiers
sont condamnés, malgré leur liberté apparente^
à une servitude déguisée; puisque tous les
travaux, toutes les corvées et tous les impôts pèsent
sur eux. Le plus beau rôle qui leur soit réservé c’est