chercher particulièrement la société de celles de
leurs compagnes qui avaient des liaisons intimes
avec les autorités espagnoles.
Le gouverneur de Samboangan n’estimait pas à
plus de sept mille le nombre des habitants dépendants
de son gouvernement ; dans ce chiffre les habitants
de la ville comptaient environ pour trois
mille. Les Espagnols, au nombre de huit ou neuf
seulement , occupent les emplois administratifs ou
font le commerce. Tous les habitants de cette petite
colonie paraissent heureux sous le régime espagnol,
régime doux et paternel qui leur permet
de se livrer sans réserve à la paresse qui forme
le fond de leur caractère, « Si quelquefois il m’ar-
riva, dit M. Dubouzet, en parcourant cette ville et
ses environs, et en voyant combien peu de terrain
était livré à la culture et combien l’industrie des
habitants était bornée, de faire une comparaison
très-défavorable aux Espagnols entre cet établisses
ment et les colonies voisines soumises aux Hollandais,
d’un autre côté l’air de bonheur et de contentement
des habitants me parut amplement compenser
1 absence dés richesses de production et des jouissances
d une civilisation avancée, qui distinguent les
possessions hollandaises. Toute cette population vit
en effet dans l’abondance, parce qu’elle sait borner
ses désirs ; elle jouit, sous le régime paternel del’Es^
pagne, du rare avantage de la liberté et d’une égalité
parfaite avec les blancs. S’il est vrai que l’Indien de
Samboangan comme celui des Philippines peut se
livrer à sa paresse naturelle à l’abri de cette liberté
dont il jouit par les franchises municipales des lois
indiennes qui lui permettent en quelque sorte de se
gouverner lui-même, sa condition n’en est pas moins
supérieure à celle des Javanais ; il ne supporte aucune
des charges qui pèsent sur les habitants de Java
comme sur tous les Indiens soumis aux Hollandais.
Ces derniers forment pour ainsi dire un peuple à
part, condamné pour toujours à vivre dans un état
d’infériorité. L’habitant de Samboangan, malgré le
dommage qu’il se fait par son apathie, peut se dire
au moins avec fierté qu’il ne travaille que pour lui
seul, et non pour des maîtres qui l’exploitent après
l’avoir vaincu. »
; Les habitants de Samboangan n’ont aucun caraco
tère particulier qui leur soit propre ; cependant ils se
distinguent facilement par la taille et par les traits de
tous lès naturels des îles environnantes : leur langue
diffère beaucoup aussi de celle parlée dans les archipels
voisins. Je dois à M. de la Cruz d’avoir pu réunir des
vocabulaires très-précieux pour mes études ethnographiques.
Les Indiens ont une grande antipathie pour les
habitants de l’intérieur de l’île Mindanao ; ils désignent
sous le nom dè mauros, et ils embrassent
dans une même aversion tous les indigènes des
îles qui les entourent et dont ils ont eu, il est vrai, souvent
à se plaindre, ainsi que des negritos, qui habitent
l’intérieur de Mindanao ; du reste il paraît que ceux-
ci ne visitent jamais l’établissement, mais ils sont
1830.
Août.