fait. Le gouvernement use largement du droit qu’il
s’est réservé de choisir dans chaque famille le prince
qui doit succéder au trône î il a soin de prendre celui
dont le caractère est le moins guerrier, et qui offre
le plus de garantie de soumission et de dévouer
ment h ses volontés suprêmes, Entouré des plus
grands honneurs dans son palais , l’empereur de Solo
n en est pas moins un véritable prisonnier, puisqu’il
ne peut pas en sortir sans prévenir d?avance le résident
hollandais qui est chargé de la surveillance de
tous ses actes et de veiller à l’exécution des traités.
L’exemple de ce qui est arrivé, il y a quelques années,
au jeûne empereur exilé aujourd’hui à Amhoine,
qui fiit déposé sur-le-champ parce qu’il était sorti la
nuit sans avoir prévenu le résident, pour aller prier
sur le tombeau de ses pères, est une preuve de la sévérité
avec laquelle les conquérants traitent aujourd’hui
ces princes. La mesure, il est vrai, fut considérée
comme bien rigoureuse par la plupart des
colons de Java. Le jeune empereur , qui supporte
aujourd’hui son exil avec tant de dignité, plaisait à
tout le monde paç ses manières 'distinguées, son esprit
et son instruction ; il avait adopté complètement
les moeurs européennes, et reconnaissait la supérjor
rite de notre civilisation ; pour cela même il inspirait
peut-être de l’ombrage au gouvernement, qui craignait
qu’il ne youlût un jour en faire l’application à
son profit. La fidélité qu’il avait montrée dans la
guerre de Java, où il eût pu faire tant de mal, s’il
avait embrassé la cause des rebelles, méritait cependant
un peu d’indulgence pour une aussi légère faute.
Mais de pareilles idées de générosité sont incompatibles
avec une domination aussi étrange que celle
qu’une poignée d’Européens exerce sur près de neuf
millions de Javanais,
» Dans leurs rapports avec le gouverneur général »
les princes qui, tout souverains qu’ils sont, relèvent
entièrement de son autorité, se servent à son égard,.
en style de chancellerie, de la singulière appellation
de grand-père ; celui-ci, dans ses rapports diplomatiques
avec eux, leur dit toujours mon petit-fils. Ces
termes sont obligatoires dans la langue de cour de
Java entre un prince vassal et son suzerain, et réciproquement.
La langue javanaise, qui paraît dériver
du sanscrit, a cela de remarquable, qu’elle est tout
h fait différente quand on parle à un supérieur ou
quand on s’adresse h un inférieur : il est telles expressions
de la langue des grands qu’un homme du
peuple ne se permettrait jamais d’employer, Il est à
remarquer que les Polynésiens ont aussi dans leurs
. langues des expressions toutes particulières pour parler
à un chef, et qui sont interdites aux hommes
des classes inférieures quand ils causent entre eux,
» Les troupes européennes et l’armée indigène,
composée entièrement de soldats des diverses îles de
la Malaisie et d’Africains, tous étrangers à Java ¥ suivant
le système adopté » occupent toutes les villes du
littoral et un grand nombre de positions militaires
dans l’intérieur. Avec cette armée * qui est de 30,000
hommes environ pour toutes les Indes, dont ,8 à