nous ennuyâmes pas, et nous prîmes notre part à la
conversation générale.
» Le 17 au matin, nous fîmes nos adieux à cette
résidence, et nous nous mîmes en devoir de regagner.
Batavia, qu’un accident arrivé à notre voiture nous
empêcha d’atteindre avant cinq heures du soir. Une
des roues s’étant rompue, nous fûmes contraints de
séjourner plusieurs heures sur la grande route.pour
attendre que l’on pût s’en procurer une autre, et
nous eussions sans doute bivouaqué bien plus long^-
temps, sans l’arrivée de M. Wanshoorn qui vint à passer
avec M. Dubouzet ; ce magistrat mit toute la complaisance
possible pour nous tirer d’embarras, et fut
parfait à notre égard, avec une politesse exquise et
des manières agréables, il s’empressa de venir à notre
aide et, grâce à lui, nous pûmes continuer notre
voyage. Nous regrettâmes beaucoup par la suite de
n’avoir pas eu le temps de faire plus amplement sa
connaissance. »
Nous ne devions plus passer qu’une seule journée
au mouillage, elle fut tout entière employée à embarquer
toutes les provisions qui nous restaient à
faire ainsi que les instruments de physique qui étaient
à terre. Je ne quittai mon bord que fort tard pour
aller faire mes adieux au colonel Olyve et au général
Cokius, c’étaient les dqux seules maisons qui nous
avaient été ouvertes pendant notre séjour à Batavia,
et après avoir passé chez MM. Lanier et Borel, avec
qui les commis d’administration étaient occupés de
régler les comptes généraux de nos dépenses, je me
rendis avec M. Jacquinot au bâtiment des arts et
métiers où devait se réunir, en séance générale, la
société savante de Batavia dont j’avais été npmmé
membre lors de mon premier passage en 1828.
L’assemblée était nombreuse ; elle comptait, parmi
ses auditeurs, presque tous les dignitaires de la colonie
et plusieurs hommes véritablement très-savants,
surtout dans les sciences naturelles, dont l’étude est
si pleine de charmes dans ces contrées privilégiées.
M. Merkus la présidait, il reparaissait après que longue
absence ; il ouvrit la séance par un discours en
hollandais dont nous ne pûmes apprécier le mérite,
parce que nous ne comprenions pas. cette langue,
mais il obtint l’approbation de tous et fut écouté avec
une grande attention. Quelques mots flatteurs pour
moi et mes compagnonsde voyage furent dits en fran?
çais, et vinrent me confirmer dans la pensée que
l’ancien gouverneur des Moluques qui reçut VAstrolabe
en 1828 avec une bienveillance et une dis^-
tinction dont j’ai conservé un précieux souvenir,
attachait toujours le même intérêt aux voyages entrer
pris dans le but de rendre des services à toutes les
sciences.
Le ministre protestant prit ensuite la parole et prononça
un long discours, toujours en hollandais; on
m’assura que ce prêtre, jeune encore, était un des
hommes les plus instruits de la colonie ; il fit l’éloge du
docteur First, membre de la société, mort victime de
son dévouement aux sciences, pendant un voyage
qu’il avait entrepris dans l’intérieur de Java ; il parla