vage les vapeurs méphitiques qui s’exhalent dés marais
imparfaitement desséchés.
Au milieu des bâtiments qui faisaient route pour
gagner le mouillage, nous découvrîmes avec joie un
trois-mâts portant le pavillon français; il n’avait
pas encore serré ses voiles que son capitaine montait
à bord de l’Astrolabe; il arrivait directement de Bordeaux,
il ne comptait que quatre-vingt-dix-sept jours
de traversée. Son nom était la Gabrielle. Il n’ajouta
aucune nouvelle à celles que nous avions déjà apprises
concernant la France, mais il apportait un chargement
de vins dont nous fûmes les premiers à profiter.
Grâce à son secours, nous pûmes renouveler
ces provisions importantes pour nous, à peu de frais
comparativement à ce que nous eussions payé, s’il
avait fallu prendre à Batavia des vins ayant déjà payé
les droits d’entrée, qui sont considérables. La maison
Lanier s’était chargée de nous fournir les salaisons,
la farine et le biscuit dont nous avions besoin ;
J’étais désormais sans inquiétude; et je m’occupai
d’activer le plus possible la livraison et rembarquement
de tous cës objets, afin de pouvoir continuer
ma route le plus promptement possible.
A huit heures je reçus la visite d’un Français,
M. Diard, établi depuis longtemps à Batavia, que
j’avais déjà rencontré la veille dans la maison de
M. Lanier ; je le retins à déjeuner avec moi. M. Diard
avait été envoyé à Batavia par le Jardin-des-Plantes
de Paris comme naturaliste - voyageur, mais une
fois qu’il eut touché la terre de Java, il s’attacha à
la cour du gouverneur-général, et quitta la posi- JKj
tion qu’il devait au muséum français pour servir le
gouvernement hollandais ; il s.’est fait dans la colonie,
à tort ou à raison, une grande réputation de savant,
et ilparaît jouir d’un grand crédit auprès du gouverneur
général. Je montrai à notre compatriote tous les
travaux déjà exécutés pendant le cours de la campagne
; mais il me sembla peu désireux, comme naturaliste,
de s’entretenir avec ceux de MM. les officiers qui,
par la nature de leurs travaux, auraient pu l’intéresser
par leurs remarques. Malgré tous les efforts de
M. Diard pour paraître aimable, il ne put conserver
assez bien son masque pour que je ne m’aperçusse pas
qu’il était peu disposé à être utile à notre expédition.
J’ignorais encore à cette époque que déjà on nous
reprochait à Batavia d’avoir paru sur la rade avec des
voiles raccommodées et des navires fatigués par la
mer, dont la peinture était loin d’être fraîche et
gracieuse. Si j’en crois ce qui m’a été dit.plus tard,
il paraît que notre compatriote avait été le premier
à nous faire un crime des désordres que la mer et le
vent avaient causés à nos navires pendant une longue
navigation.
Dans l’après-midi, je me rendis à bord du navire
stationnaire dont le capitaine était venu me faire visite
et m’offrir ses services ; tout mon temps fut ensuite!
employé à lire les journaux que la Gabrielle
avait apportés de France jusqu’à la date du h mars, et
à mettre ordre jj à mon courrier. Il fallut toute Tin- fl
sistance que mit M. Lanier à m! en gager à dîner, pour