mît en présence du gouverneur, qui lui-même ne faisait
rien pour faire naître une conversation générale.
J’avais été placé à sa gauche, mais ce fut à peine s’il
m’adressa quelques paroles, et encore ses questions,
étaient-elles des plus insignifiantes. A ma gauche ,
j’avais pour voisin M. Diard, grand admirateur de
S. E. le gouverneur, qui dispose à son gré de toutes,
les faveurs, et grand prôneur du système hollandais,
qui lui a si bien profité. 11 me sembla que. Mv Diard,
en courtisan habile, était fort savant dans l’art dela;
flatterie , et je ne m’étonnais plus de l’immense c r ||,
dit dont il paraissait jouir auprès du gouvernement,
lorsque je vis combien il était humble et. empressé à
se faire le serviteur de son maître.
Après le repas, on dressa une table de jeu, et je fus
invité à faire le whist avec Son Excellencefaveur, à
ce qu’il paraît, fort.recherchée, mais que je refusai
tle me donner. Un petit bal fut improvisé ; une trentaine
de dames, mises avec élégance, en firent les
honneurs, toutes habitaient fort loin de Buitenzorg,
elles étaient venues uniquement pour assister à cette
fête, et elles devaient se retirer à la fin dé là soirée.
Ici les routes sont si belles, et les voitures si communes,
que l’on ne recule jamais à parcourir une quinzaine
de lieues pour un barbu pour un dîner. Grâces
à ces habitudes de facile locomotion, dans l’intérieur
de l’île où la population européenne est si peu nombreuse
, la société s’y réunit comme dans les villes ,
et presque tout le monde y mène une vie de château
sur le plus grand train.
La danse avait trop peu d’attraits pour moi pour ô te
me retenir longtemps ; fatigué par une journée d’ennui,
je ne tardai pas à me retirer dans mon appartement,
bien décidé à quitter Buitenzorg dès le lendemain.
A six heures du matin, je montai dans la
voiture qui m’avait amené en compagnie de M. Diard,
et quelques heures après, je regagnai mon bord.
« Quant à moi, dit M, Jacquinot, je me décidai à
rester vingt-quatre heures de plus à Buitenzorg, et à
attendre le bon colonel Olyve qui était fatigué, et
qui avait besoin de repos.' MM. Dubouzet et Hombron
prirent le même parti;
» Pour la personne qui ne cherche qu’à jouir d’une
liberté pleine et entière, et désire sé reposer des ennuis
d’une longue navigation , Buitenzorg est le lieu
par excellence, tel, du moins, qu’il's’est présenté à
nous. Bien ne vient vous troubler, vous n’éprouvez
aucun dérangement, les logements sont très-confortables,
et de nombreux domestiques sont là , disposés
à exécuter promptement vos ordres. Tous déjeunez
seül si bon vous semble, et toujours en dehors de
toute cérémonie. Soir et matin, à la fraîcheur, il vous
est loisible de disposer d’une voiture j)our aller faire
un tour de promenade. Nous mîmes le lendemain ces
commodités à profit, et nous parcourûmes les environs
qui, sans ofirirriende bien rémarquable, avaient
pour nous le piquant de la nouveauté. Au repas du
soir, nous ne nous trouvâmes qu’avec le gouvernèur
et sa famille ; l’étiquette fut moins àustère que la
veillé e t, sans éprouver un plaisir bien vif, nous ne