1830.
Juin.
CHAPITRE XLIX.
Réflexions sur les établissements hollandais en Asie.
« L’histoire de la colonisation, depuis la conquête
de l’Amérique par les Espagnols, n’a jamais offert
un sujet aussi intéressant à étudier que tout ce qui
se rattache à la fondation du vaste empire élevé par
les Anglais dans les Indes , et à l’établissement de la
puissance hollandaise sur les îles si fertiles, si riches
et si peupléesde la Malaisie, Les résultats obtenus par
ces deux peuples, et l’influence de ces résultats sur
le commerce et la civilisation du monde, ont quelque
chose de merveilleux; mais la position relative
qu’ils occupent en Europe fait qu’on doit encore être
plus étonné des conquêtes de la Hollande que des
succès si éclatants des Anglais en Asie.
» Ce fut en 1595 qu’une flotte de pauvres vaisseaux
marchands (car c’est ainsi qu’ils se qualifiaient),
sous le commandement du capitaine-major Corneille
Houtman, aborda pour la première fois à Java, dans
le port de Bantam. Depuis longtemps les Portugais
exploitaient dans cette île, comme dans le reste des
Indes, le commerce des épices. C’est à Lisbonne,
pendant le séjour qu’il y avait fait pour son commerce,
que Corneille Houtman s’était procuré, a ses
risques et périls, des renseignements sur cette navigation.
Le gouvernement portugais s’jétant aperçu de
ses menées, les lui avait fait expier par un dur emprisonnement,
et il ne dut sa liberté qu’à l’intervention
financière de marchands hollandais, auxquels il
promit, comme récompense, de leur faire partager
le fruit de ses découvertes. Quand la flotte, dont ceux-
ci lui confièrent la direction, arriva à Bantam, le roi
de ce pays venait d’échouer dans une expédition qu’il
avait faite contre Galembang, dans l’rle de Sumatra..
Les Portugais, qui y avaient une flotte et trafiquaient
depuis longtemps dans cette ville, ne négligèrent
rien pour susciter des embarras à ces nouveaux
venus, dont la rivalité les offusquait, tout en
leur faisant ouvertement le meilleur accueil. Mais la
sagesse, la prudence et la résolution des Hollandais
déjouèrent toutes leurs trames, e t, après quelques
hostilités avec les Javanais, qui cherchèrent en vain
à enlever leurs vaisseaux, un traité d’alliance et de
commerce fut conclu entre eux et le roi de Bantam.
La flotte, après avoir visité Jàccatra, Japaraet diverses
parties de la côte de Java, rentra en Hollande
avec une riche cargaison, ce qui donna bien vite
l’impulsion à de nouveaux armements, et amena la
formation de cette compagnie des Indes qui devint
depuis si célèbre. Après les expéditions de Moha,
1*39.
Juin,