l’augmentatiou sur une grande échelle des productions
de cette île, dont une grande partie est encore
inculte, malgré son immense population, Aujourd’hui
il devient plus difficile d’avoir des concessions
de terrain ; les avances du gouvernement ne sont plus
aussi considérables, et les concessionnaires doivent
posséder un capital à eux pour couvrir leurs frais
d’établissement. Mais, maintenant que le premier
élan est donné, on ne manque pas de gens qui consacrent
leurs capitaux à de pareilles entreprises ; et
le gouvernement, sans faire presque de frais, recueille
le fruit de l’argent qu’il a semé si habilement.
Rien de plus juste, s’il le fait avec modération ; malheureusement
on lui reproche de rendre aujourd’hui
son monopole nuisible aux intérêts du pays, par la
grande réduction qu’il a opérée dans le tarif des prix
auxquels il achète les denrées. Je ne sais jusqu’à quel
point ces reproches sont fondés.
«Voyons maintenant quels sont les bras que peuvent
employer ces colons à la culture des terrains
qui leur sont concédés. Quelque considérable que soit
la population de Java, les habitants ont si peu de
besoins, et le sol est si fertile, que l’appât du gain ne
pourrait les décider à sortir de leur indolence habituelle
, et à travailler plus qu’il ne leur est nécessaire
pour vivre à leur manière. Dans le temps ou ils
étaient sous l’autorité de leurs chefs, ceux-ci étaient
les uniques propriétaires du sol, et les Javanais attachés
à la glèbe, comme de véritables serfs, étaient
chargés de la cultiver au profit de leurs seigneurs,
ne recevant d’eux que ce qui était indispensable aux
besoins de leurs familles. Ces chefs pouvaient user,
selon leurs caprices, d’une autorité illimitée, et disposer
de tout ce qui appartenait au paysan , sans que
ce dernier, habitué à ce lien de servage et à respecter
leurs volontés, y trouvât rien à redire. Le seigneur
abusait rarement de cette autorité 5 la douceur
ayec laquelle il l’exigeait rendait l’obéissance facile :
se contentant lui-même de peu, il exigeait peu de ses
serfs ; le paysan travaillait donc en conscience , et les
terres étaient bien loin de rapporter ce qu’elles étaient
susceptibles de produire. Le Javanais auquel manquait,
dans cette organisation sociale, le vif stimulant
de l’esprit de propriété, n’en était que plus porté
à se livrer avec délices à cette paresse à laquelle sont
en général si enclins les habitants des pays équatoriaux
, OÜ la nature exige Si peu de travail de l’homme
pour subvenir abondamment aux premiers besoins
de la vie, Mais les Hollandais, dont le but, en s’établissant
sur cette île , était d’en tirer toutes les den^
rées coloniales qu’elle peut produire en si grande
quantité, s’aperçurent, après une longue épreuve,
que jamais ils ne l’atteindraient en succédant dans ce
pays au droit qu’avaient les souverains de lever une
partie de l’impôt, en nature, et de frapper les habitants
d’une légère capitation, Ils réussirent tout au
plus, de cette manière, à couvrir les frais d’occupation
du pays, mais non à alimenter un grand commerce,
car les Javanais ne cultivaient que le riz et
un petit nombre d’autres végétaux qu’ils eonsom