Hemskerk, Vander-Stagen, qui furent toutes très-profitables;
ce ne fut bientôt plus comme simples marchands
que se présentèrent les Hollandais, mais avec
des idées d’établissement et de conquête. Enhardis
par le succès de leurs armes dans les Moluques, où
ils formèrent leurs premiers comptoirs, ils obtinrent,
en 1601, des rois de Bantam et de Jaccatra la permission
d’établir des loges pour leurs négociants, et,
par une suite de circonstances aussi imprévues
qu’heureuses, le dernier de ces humbles établissements
devait être transformé en forteresse et donner
naissance à la ville de Batavia. Je ferai connaître
tout à l’heure comment un des principaux auteurs
de ces événements en transmit l’histoire à la postérité,
sans omettre les réflexions dont il accompagna
cette intéressante histoire. Cet auteur esHe célèbre
Van défi Brock, un des hommes qui voyageaient à
Cette époque avec le plus de fruit, et dont les récits
égalent en'naïveté l’audace des entreprises auxquelles
il prit part.
» En décembre 1618, les Hollandais, déjà fortement
établis dans les Moluques, commençaient à se rendre
tellement redoutables-, que le roi de Bantam, à l’instigation
des Portugais et des Anglais, qui étaient
aussi venus depuis quelques années dans les Indes
pour y prendre part aux immenses bénéfices du commerce,
rompit ses traités avec eux et leur déclara la
guerre. Dans lé même moment, on apprit à Jaccatra
que les hostilités avaient éclaté en Europe entre l’Angleterre
et les États-Généraux des Provinces-Unies,
et qu’en dépit des traités les Anglais avaient déjà pris
par trahison un des vaisseaux de la flotte hollandaise.
Car, depuis longtemps, les Européens semblaient
n’avoir tiré d’autre fruit des grandes découvertes du
xve siècle que le triste avantage d’avoir agrandi le
cercle de leurs dissensions en les transportant avec
eux aux extrémités du monde, et de se servir tour à
tour des nouveaux peuples comme d’instruments
pour répandre le sang à flots, et se disputer une proie
là où tous pouvaient paisiblement s’enrichir par
un commerce régulier. Mais laissons maintenant parler
Van den Brock.
« Sur cette nouvelle, il fut jugé à propos de forti-
» fier notre loge et de la mettre" en état de défense con-
» tre les insultes des Anglais. On l’entoura donc de palissades,
et on y éleva des remparts de terre. Les
» Javanais, ayant vu ces travaux, commencèrent aussi
» à se fortifier, et nous, qui vîmes qu’il fallait périr si
» nous n’étions pas en état de nous maintenir, nous en-
» treprîmes de faire de notre loge un fort capable de
»résister aux assauts de ceux qui viendraient l’atta-
» quer, et chacun y travailla de toute sa force. »
» Ainsi, dans un temps-où les Hollandais ne pensaient
à rien moins qu’à s’emparer d’une place dans
les Indes, ni à s’en approprier par aucune autre voie,
parce qu’ils avaient assez d’affaires sur les bras, la
nécessité les contraignit d’en occuper une et d’y bâtir
une forteresse qui est devenue leur boulevard. Ils
doivent cet établissement à la jalousie des Anglais,
qui ne prétendaient pas que la guerre qu’ils leur fai