cette grande terre. Le Segema, que l’on appelle au-
jourd’hui Dano-Radja, est en la possession de Gusti-
Oesenan, jeune chef qui est à peu près imbécile.
» Plusieurs descriptions de ce diamant ont été imprimées
dans différents ouvrages ; on estime le poids
de cette pierre à environ 367 karats. Dans l’année 1780
le gouverneur général de Batavia envoya à Mattam
un officier, M. Stuart, ayant pour mission de l’acheter.
M. Stuart en offrit à cette époque deux brigs de guerre
et 15,000 piastres d’Espagne ; toutefois il ne put pas
conclure le marché.
» En 1829, lorsque j’étais résident sur la côte de
Kayong, j’eus l’occasion de voir cette pierre préi
cieuse. Les naturels ont une tradition superstitieuse
d’après laquelle ils croient que leur pays sera ra*
vagé et détruit lorsqu’on leur aura enlevé ce diamant
et qu’on l’aura dépouillé des caractères jaunes
dont ils l’ont orné, en sorte qu’il est très-difficile
pour un étranger de voir cet objet auquel ils'attachent
un très-grand prix. Je fus servi par le hasard
dans cette circonstance. Je rencontrai la vieille sultane
qui est chargée de sa conservation, et elle me le
montra, en me déclarant que M. Stuart ne l’avait
jamais vu lui-même, et que j’étais le premier Européen
qui avait joui de cette faveur. Avant que ce diamant
fût débarrassé de.: tout ce qui l’entourait,
j’avais vu la sultane prendre des ,précautions vraiment
extraordinaires; dans tous les alentours, elle
avait placé des hommes destinés à empêcher tout
guet-apens de ma part, car cés malheureux tremblent
constamment que leur trésor ne soit pris ou 1839.
vendii. Quelle ne fut donc pas ma surprise, lorsque
je pus enfin toucher et examiner à mon aise cette
pierre à laquelle ils attachaient un si grand prix, en
reconnaissant que c’était tout simplement un morceau
de cristal dont une partie est brute, tandis que l’autre
présente des faces pentagonales polies ! Je n’aurais
certainement pas donné 3 florins du fameux diamant
Dano-Radja|
» J’ai souvent trouvé des contradicteurs à mon
récit lorsque plus tard j’ai voulu dire ce que j’avais
vu ; je laisse toute liberté à ceux qui croient à
l’existence du diamant de 367 karats, mais ce que je
puis assurer, c’est que si le gouvernement hollandais
voulait encore aujourd’hui en faire l’acquisition,
il lui serait cédé à très-bon compte. Les princes indigènes
sont tellement convaincus eux-mêmes de
la fausseté de cette pierre, qu’ils n’ont jamais demandé
aucune avance sur sa valeur. Le vieux sultan,
qui l’a possédée pendant sa vie, condamnait à mort
tout individu qui osait élever des doutes sur la yaleur
dû Dano-Radja. Avec de semblables arguments, il ne
lui a pas été difficile de prouver qu’il possédait un véritable
et énorme diamant.
» En 1823 les mines ont été cédées au gouvernement
hollandais et exploitées par son entremise.
La quantité de diamant vendu en 1824 s’est élevée
à 8,437 pièces pesant ensemble 1,921 karats
au prix total de 46,147 florins. Le gain a été de
17,438 florins. Dans l’année 1825|les|gains diminuèv
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