pagnôls de pur sang. Le bal fut suivi d’un beau
souper ; deux tables avaient été dressées dans deux
appartements séparés : l’une d’elles fut exclusivement
réservée pour les officiers espagnols et pour
nous ; elle était magnifiquement servie. Les autres
assistants et les héroïnes du bal allèrent s’asseoir à
la seconde table qui présentait bien moins de luxe
et qui était couverte de mets plus solides, mais
aussi moins recherchés. Du reste les cris de joie, les
rires que nous entendîmes dans la salle où étaient
réunis les Indiens nous indiquèrent suffisamment
qu’ils étaient habitués à cette démarcation et qu’ils
faisaient sans rancune honneur au banquet offert
par le gouverneur.
Le climat de Samboangan paraît être très-sain,
car on rencontre au milieu des indigènes une grande
quantité de vieillards très-âgés ; cependant on m’a assuré
qu’à certaines époques de l’année il règne dans
la colonie des fièvres dangereuses. Les cas de dyssen-
terie y sont aussi très-fréquents ; et enfin les blessures
les plus légères donnent assez souvent des attaques
de tétanos qui sont à peu près toujours mortelles.
Un des marins des chaloupes canonnières espagnoles
avait succombé la veille à la suite de violentes douleurs
de tête ; nous-mêmes , nous devions voir périr
un des nôtres par suite de cette terrible maladie. Notre
relâche à Samboangan qui avait été:si agréable jusque
là devait être traversée par un jour de deuil. Le
nommé Avril, quartier-maître voilier, s’était légèrement
blessé au pied en arrivant au mouillage; à la
suite de cet accident il avait éprouvé quelques douleurs
à la nUque, qui peu à peu s’étaient étendues et
avaient donné des inquiétudes sérieuses à M. Hom-
bron. Plusieurs fois déjàcet homme zélé et laborieux,
qui devait à sa bonne conduite d’être le patron de
mon canot, avaitjvoulu sortir dés> cadres des malades
pour continuer son service. Il avait fallu l’autorité
du médecin, qui jugeait avec raison sa maladie
des plus graves, pour le forcer à garder le repos et à
profiter des soins qui lui étaient prodigués. Enfin, le 5
au matin il éprouva les douleurs du tétanos» et il succomba
presque aussitôt.
n Je me hâtai de donner avis de cet événement
aux autorités civiles de la ville en leur demandant de
nous fournir les moyens de confier à la terre le corps
de c e malheureux. Le curé de Samboangan, don José
Yarelas, s’empressa avec beaucoup de bienveillance
d’offrir les secours de son ministère pour rendre à
notre côriipâgnon de voyage les derniers devoirs. A
six heures du soir vingt matelots àeY Astrolabe, douze
matèlots de la Zélée » commandés par deux officiers et
un élève; accompagnèrent le corps qui fut déposé
dans le cimetière de la ville. Une croix noire fut
plantée sur la fossé ; elle portait le nom du défunt.
Ge malheureux laissait une jeune femme et deux enfants.
Économe et laborieux, il travaillait pour eux,
lorsqu’une mort prématurée vint l’enïèven à sa famille.
C’était le&Çold? marin p e perdait l’jf s
labe. Le premier avait péri dans les flots. Avril fut
la première victime déS-: maladies. Bientôt nous