juuie't viendrait à mon bord pour me guider aussitôt qiie nous
serions près de la rade.
A onze heures, les courants nous étant devenus favorables
, je remis à la voile, bien que les vents fussent
très-faibles. Nous fûmes rapidement emportés
dans lé canal qui sépare les îles Santa Cruz de Mindanao.
Nous avions déjà dépassé la ville, sans trouver
possibilité dé mouiller, lorsque nous fûmes accostés
par le lieutenant de vaisseau de la marine coloniale,
don Manuel de la Cruz, qui voulut venir lui-même
nous aider de ses conseils; mais il était déjà trop
tard, les courants nous avaient drossés à trois lieues
au moins dans l’est de la ville avant d’avoir pu suffisamment
rapprocher la côte pour nous permettre dé
mouiller. Enfin, jè m’étais à peu près décidé , à attendre
à l’ancre la marée de flot du lendemain, pour
gagner le mouillage de Samboangan, lorsque; à cinq
heures, voyant la brise, jusque-là incertaine, se fixer
à l’est, je donnai de nouveau l’ordre d’appareiller; en
refoulant le courant de jusant, nous pûmes définitivement
laisser tomber nos ancres, par 21 brasses de
fond, à une petite distance du rivage.
Le mouillage de Samboangan, quoiqu’il ne soit
point dangereux, est d’autant plus difficile à atteindre
qu’il est constamment sillonné par des courants irréguliers
de marée, d’une rapidité extrême. L’espace sur
lequel il est possible de mouiller est excessivement
étroit. C’est une bande de sable et de gravier qui s’étend
parallèlement au rivage, et qui est. très-accore du
côté du large. La Zélée, moins heureuse que nous,
faillit ne pouvoir atteindre le mouillage; la brise
commençant à diminuer, lorsque nous étions à peine
arrivés par le travers de la ville, elle allait être de
nouveau entraînée par le courant, lorsqu’elle laissa
tomber son ancre par 86 brasses de fond, au risque
de la voir chasser. Il lui fallut ensuite se touer péniblement
pour prendre son poste définitif à notre
côté. Du reste nous étions seuls sur la rade ; seulement
deux embarcations , semblables à celles qui
nous avaient visités le matin, et une canonnière un
peu plus grande, portant des pièces plus fortes, se
balançaient sur leurs ancres. Tous ces bâtiments paraissaient
bien armés v et se tenaient toujours prêts à
appareiller ; ils faisaient partie de la flottille de guerre
que le gouvernement de Manille entretient dans c.e
poste maritime.
Le lieutenant don Manuel de la Cruz, qui s’était
rendu à bord de Y Astrolabe, au moment où le courant
nous entraînait, ne voulut point nous quitter
qu’il ne nous eût vus bien ancrés dans la petite rade de
Samboangan. Dès son arrivée à bord de nos corvettes,
il nous avait fait les offres de service les plus franches
et les plus amicales ; sa maison avait été mise à nôtre
disposition, et malgré tout l’embarras que cela pouvait
lui causer, il n’avait jamais voulu que M. Dumoulin,
qui voulait profiter de la relâche pour faire des
observations de magnétisme, établît son observatoire
autre part que dans son habitation. Avant de1
nous quitter, il renouvela auprès de moi ses instances
pour m’engager à descendre à terre et me pria
vu. n
1830.
Juillet.