Juillet ^ts Pe*otons avaiï ^ sa tête un individu qui paraissait
en être le chef. Autour de lui se rangeaient les piétons,
probablement ses esclaves, qui portaient des
lances de six pieds de long. Ils avaient en outre, pour
arme défensive, de vastes boucliers de bois de trois
pieds de diamètre, recouverts quelquefois par un cuir
très-épais. Cet instrument, manié comme je l’ai vu
faire par le matelot Bisai'a, doit être d’une grande
ressource dans le combat ; il couvre presque en entier
l’individu qui le porte et le met à l’abri des lances
ennemies.
» A l’exception d’une petite alerte qui précéda notre
embarquement, la-journée s’écoula paisiblement.
Les matelots des chaloupes venaient de signaler une
troupe d’hommes qui arrivaient de la ville en courant.
Aussitôt notre détachement prit les armes, et se rangea
en bataille pour la recevoir. Elle se composait d’une
vingtaine d’individus qui se précipitèrent Sur nous,
la lance au poing, et qui s’arrêtèrent ensuite subitement
lorsque déjà ils n’étaient plus qu’à une petite
distance de nos baïonnettes. L’un de ces hommes,
tenant toujours sa lance horizontale en courant,
s’avança si près Sur M. Dumoulin, qui était resté
isolé et qui continuait tranquillement ses observations
, que nous crèmes un instant que cet officier
avait été blessé. Mais il n’en était rien.
» Parmi ces nouveaux Venus se trouvaient deux individus
couverts par une cotte de mailles et la tête
coiffée d’un casque en cuivre ; sur le dos et la poitrine,
la cotte de mailles, formée de petits anneaux
de cuivre entrelacés, était garnie par de petites plaques
métalliques de même nature. Ces deux hommes
ne portaient pas de bouclier; quoique petitsde taille, ils
semblaient être à leur aise sous leur pesante armure.
» Il était cinq heures à peu près, lorsque nos chaloupes
ayant complété leur eau, nous nous préparâmes
à regagner nos navires. Le nombre des naturels
qui nous entouraient était alors considérable.
Ils étaient venus de la ville, les uns sur des chevaux
garnis d’une mauvaise selle en bois, les autres sur
des boeufs ou dés buffles. Au milieu de ces visiteurs
se trouvait une femme, vêtue d’une simple culottent
montée sur un cheval à la manière des hommes.
Elle paraissait en proie à une vive agitation. Le matelot
Bisaïa m’expliqua qu’elle cherchait un esclave
fugitif (celui réfugié à bord de la. Zélée) et qu’elle était
venue voir s’il ne s’était pas réfugié sur nos embarcations.
Aussitôt que nous eûmes quitté la plage,
nous vîmes ce petit attroupement se dissiper après
avoir assisté à notre départ.
Comme on a pu le voir dans le cours de ce récit, les
datous ne partagèrent pas longtemps les craintes générales
de la population et leur doute sur notre nationalité.
Dès la veille, ils avaient reçu nos officiers;
Tahel les avait chargés de me dire qü’il désirait
fournir des vivres frais à nos navires, et qu’il possédait
des boeufs et toute espèce de provisions à notre
service^ Il nous livra, en effet, à un prix peu élevé,
deux boeufs qui furent débités pour les équipages.
Plusieurs personnes de l’état-major descendirent à