sonnes que les mots malais, du moins c’est ce qu’il m’a semblé,
et ce n’est qu’une opinion fondée sur l’impression de l’oreille ,
et non pas sur les renseignements fournis par des personnes
ayant une connaissance approfondie de la langue.
C’est ici le cas de rectifier le nom de ces îles, nommées Sooloo
par les Anglais, Jolo ou Holo pai les Espagnols et S o lo par les
Français : leur véritable nom, le nom donné par les indigènes,
est Soog ; celui de la ville , Banoua. Sa population nous a été
indiquée comme étant de 10,000 habitants, je crois ce chiffre
exagéré : à vue d’oeil je ne crois pas qu’elle dépasse celui de 6,000.
L’intérieur et le littoral de ces îles paraissent être fort peuplés :
on ne peut se hasarder à donner un nombre quelconque d’habitants,
car on ne saurait s’appuyer sur des données satisfaisantes.
La population de Soog est de petite taille ; elle est plus forte
déstructuré, elle a: un teint de peau plus jaune, c’est-à-dire
plus clair, que les Malais ; les yeux m’ont aussi paru plus
bridés, la figure plus large, la' mâchoire un peu moins
proéminente. Les vêtements, les habitudes extérieures semblent
être à peu près les mêmes. Le costume des gens pauvres
se compose d’un caleçon accompagné quelquefois d’une espèce
de chemise; les gens aisés portent des vêtements importés,. je
suppose, de Chine : ce sont des pantalons fort larges, en soie noire
ou en étoffe de coton ; quelquefois ils portent aussi des vestes à
larges manches, aussi en soie ; d’autres 3e servent de l’écharpe
des Bouguis, et tous ou presque tous se couvrent la tête d’un
mouchoir à l’instar des Malais ; les chefs seuls portent des pantoufles
ou des sandales.
Les fermes du peuple se montrent sans répugnance en public
sans autres vêtements qu’un sarong ; leurs cheveux sont
épars, et comme les hommes elles mâchent le bétel. Elles venaient
vendre elles-mêmes leurs poules à nos cuisiniers, et
c’est avec elles que s’accomplissaient les meilleurs marchés,
car elles recevaient avec empressement les colifichets servant
à leur parure, et les préféraient souvent à de l’argent.. . . .
Une rencontre curieuse m’avait jeté dans un étonnement-
complet, lorsqu’on m’en donna une explication des plus
bizarres. "Voici le fait : j’avais rencontré une femme toute
nue à cheval, les cheveux épars; sa gorge indiquait son sexe,
et j’étais déjà convaincu de ses mauvaises moeurs en la
voyant descendre de cheval et me faire signe de la suivre dans
Une case voisine. Peu disposé à l ’entrevue qu’elle me proposait,
je continuai mon chemin et je ne manquai pas d’en parler
à mes compagnons, qui m’assurèrent alors que cet être était
un hermaphrodite , dont ils avaient publiquement reconnu la
curieuse conformation moyennant quelque argent. Il voulait
probablement en faire autant à mon égard. Cet homme ou cette
femme est la même personne qui , hier, à l’aiguade, était venue
auprès de nous à la recherche d’un esclave déserteur ; là du
moins il portait un pantalon.
La nuit passée, un esclave transfuge s’est rendu a bord de la
Zélée ; au qui-vive du factionnaire, il jeta son kriss à bord et
monta sur le pont. Ce pauvre diable est un Malais Bouguis de
Salayer, c’est celui que l’individu hermaphrodite cherchait hier
aux environs de l’aiguade.
Les personnes de notre bord qui ont assisté à là fête du datou
Molou rentrent pendant la nuit et sont fort satisfaites de leur soi-
: rée. Une nombreuse musique à joué fort longtemps dés airs espagnols,
et on a même fait danser des esclaves à la demande des spectateurs.
Les femmes du datou Molou, contre l’usage des maho-
métans, Ont paru dans la réunion , mais elles étaient assises dans
le fond, à une certaine distance des hommes. Cé fait est à remarquer,
car les îles Soog ont été autrefois en grand renom de
sainteté dans tout l’archipel d’Asie ; c’était le principal foyer de
la religion du prophète arabe, et c’est probablement à cette
prépondérance passée qu’elles doivent de porter dans leur pa-
tillon blanc un dessin noir représentant, dit-on , les portes de