contre les sujets anglais qui se livraient au commerce
de contrebande de l’opium, au moment de la saisie faite
à Canton sur l’ordre des mandarins. Nous nous entretînmes
longuement sur ce sujet avec M. Bonhom.
A cette époque, on ne'pouvait raisonnablement croire
que le gouvernement anglais voulût déclarer la guerre
aux Chinois parce que ceux-ci avaient cherché à faire
exécuter les lois existantes de leur empire ; on ne prévoyait
pas alors que la Grande-Bretagne trouverait,
dans les actés des mandarins, plus d’un motif pour
faire servir ces événements à l’avantage de son ambition.
M. Bonhom déplorait amèrement que l’empereur
de la Chine eût été, pour ainsi dire, contraint
à user d’autant de brutalité pour arrêter un
commerce prohibé par la loi, et qui, sous tous lés
rapports, était aussi désavantageux pour son empiré
qu’avantageux pour les marchands de la compagnie
anglaise. Il attribuait aux conflits survenus à Canton,
l’absence de presque toutès les jonqiies chinoises Sûr
la rade de Sincapour ; il n’y en avait, en effet, que
trois au mouillage.
Nous quittâmes lé gouverneur pour nous rendre
auprès du président du tribunal de commerce, j’étais
chargé par le ministre de la marine de remettre à ce
fonctionnaire un exemplaire des Annales maritimes
et coloniales. Il reçut cet envoi avec beaucoup de plaisir,
il me dit qu’il désirait remercier lui-même le ministre
par une lettre qu’il lui adresserait directement,
et enfin, il nous fit des offres de service dont nous ne
pouvions profiter. Nous étions en effet attendus chez
M. Balestier, négocient et cohsül américain, dont
toutes les expéditions françaises qui ont passé à Sincapour
se ‘ sont plu à inscrire le nom, comme un
hommage de leur reconnaissance. M. Balestier avait
déjà reçu une grande partie de nos officiers qui f
avaient déjeuné dans la matinée ; il nous fit l’accueil
le plus empressé et le plus amical ; il voulut, à toute
force, me faire occuper une chambre dans sa demeüre ;
mais j’avais déjà refusé celle que me destinait lè gouverneur,
et je né pouvais accepter celle de M. Balestier,
malgré les instances de sâ femme et de Son fils. Nous
passâmes le resté de notre journée dans cette agréable
famille ; l’âprès-midi fut consacrée à aller visiter une
plantation dé cannes à sucre de création nouvelle.
M. BâlëStier appartient à une famille protestante
d’origine française qui fut obligée de s’exiler à la suite
de la révocation dé l’édit dé Nantés ; c’est un des premiers
négociants de la ville, et aussi un des plus fortunés
; il S’occupe avec activité d’introduire dans l’ilé
la culture dé la canné à sucre; depuis SéS premierseS-
Sais, qui ont réussi au delà de ses espérances, de nombreuses
plantations de ce genre se sont établies, et il
est probable que l’île de Sincapour ne tarderait pas
à être totalement défrichée ét cultivée, si la compagnie
Voulait se départir dû droit exclusif de propriété
qu’elle s’est réservé et faire des concessions de terrain.
Nous trouvâmes la plantation de M. Baléstier
cultivée avec Soin et intelligence. Les IndotiS, que lés
Anglais font venir de leurs possessions dans l’Inde,
font dë bons agriculteurs ; plusieurs étaient occupés