logements destinés à recevoir les principales autorités
qui y sont appelées pour traiter d’affaires, ainsi
que les étrangers et les aides-de-camp. Le pavillon de
droite était déjà entièrement occupé ; nous fûmes logés
dans celui de gauche avec les aides-de-camp. Dans
chacun dë ces appartements, les chambres donnent
sur de vastes salons meublés avec recherche ; on y jouit
de la vue du jardin, qui est magnifique, et de celle
des environs si pittoresques de cette résidence.
A ma grande surprise, nous ne fûmes présentés que
le soir au gouverneur général; à notre arrivée on
nous offrit à déjeuner, puis nous fûmes conduits
dans les appartements qui nous étaient destinés , et
nous fûmes maîtres d’employer notre temps comme
nous l’entendrions jusqu’au moment du dîner, où
devait avoir lieu notre présentation. Je trouvai, je
l’avoue, cette manière de recevoir des hôtes, et surtout
des étrangers, un peu singulière; mais le colonel
Olyve et M. Diard, qui ne nous avaient pas quitté
depuis Batavia, m’assuraient que telles étaient les
lois de l’étiquette; je me consolai facilement de voir
le gouverneur nous traiter ainsi à la manière des
pachas orientaux, et je cherchai à profiter de mon
mieux de la liberté qui nous fut laissée en attendant
le dîner. Je me dirigeai tout d’abord vers le parc ,
que je désirais vivement visiter.
Aux agréments d’un jardin anglais, dessiné avec
beaucoup de goût sur un terrain heureusement acci-
dentéet sillonné par des cours d’eau dont on a su tirer
tout le parti possible, le parc de Buitenzorg réunit
encore les avantages d’être un jardin botanique
des plus riches et des plus curieux par le grand*
nombre et la grande variété des échantillons de
plantes qu’il renferme. On y trouve, non-seûle-
ment tous les végétaux qui sont originaires de Java,
mais encore une grande quantité de ceux de l’Inde,
de la Chine, du Japon, d’Europe et d’Amérique.
Un espace d’une vaste étendue est én outre réservé
pour y faire dès essais de culture- : j’y remarquai
une grande variété de cannes à sucre , de cactus,
de bananiers, du thé et-des arbres à pain, qui ont
été nouvellement introduits à Java , et qui y réussissent
à merveille. Ce jardin d’essai est adjacent
au petit village malais de Buitenzorg; un ruisseau le
traverse dans toute sàïongueur ; son cours est masqué
par des touffes de bambous dont la vue a quelque
chose de mélancolique. Sous leurs ombrages reposent
dans des tombes simples et modestes les Hollandais
et les étrangers de distinction morts dans le palâisV
où ils avaient obtenu de venir habiter pour rétablir
leur santé détruite par le séjour malsain de Batavia.
Le reste du jardin, consacré exclusivement à la botanique,
est assez vaste pour que les arbres géants des
contrées équatoriales puissent y atteindre à leur aise-
leur grandeur naturelle ; en voyant la vigueur de leurs
jets et la,fraîcheur de leur feuillage, on dirait que
l’on vient de les transplanter d’une des« forêts voisines
; à plus forte raison les arbustes et les plantes,
plus; modestes y jouissent du même privilège. Tous
ces végétaux sont classés avec ordre, grâce aux soins
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