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et nous ne pûmes pas utiliser notre route comme je
l’aurais désiré au profit de l’hydrographie.
Le lendemain matin, nousnous trouvâmes dansledé-
troitdeMalaca; le sommet de la grande Carimon se dressait
derrière nous. Un navire était mouillé à peu de distance
, sa batterie percée de quinze sabords de chaque
côté, nous fit un instant croire que c’était une frégate
de guerre ; ce bâtiment était occupé à lever son ancre
pour remettre à la voile ; nous l’eûmes bientôtrap-
proché, et nous reconnûmes un de ces énormes vaisseaux
marchands qu’emploie la compagnie des Indes.
Comme nous il ne tarda pas à s’engager dans le détroit
de Sincapour; quelques heures après, nous laissions
tomber l’ancre sur la rade anglaise au milieu
de dix-sept navires parmi lesquels nous aperçûmes
avec plaisir un bâtiment de notre nation.
J’envoyai immédiatement M. Duroeh à terre pour saluer
le gouverneur de ma part, et traiter la question du
salut. Cet officier ne tarda pas à rentrer; il avait reçu
un accueil des plus aimables, et il avait trouvé à la
poste plusieurs paquets de lettres; il n’y en avait aucune
à mon adresse. M. Jacquinot, plus favorisé que
moi, me fit part des nouvelles qu’il reçut de Toulon et
vint me rassurer sur ma famille. Mais l’expédition était
toujours oubliée par le ministère ; mon rapport,
adressé au ministre et daté de la raderde Valparaiso,
était depuis longtemps parvenu, mais on ne lui avait
point fait les honneurs de l’insertion au Moniteur.
Enfin, rassuré sur ,1e compte de ma femme, et de mon
fils, je retrouvai tout mon courage pour continuer
avec ardeur ma campagne et braver de nouveaux
i Juin. dangers.
A quatre heures de l’après-midi, Y Astrolabe et la
batterie de la place avaient échangé vingt et un coups
de canon pour salut national, et nos embarcations
purent aller porter à terre ceux de MM. les officiers
que le service ne retenait point à bord. Je ne
quittai mon navire que le lendemain dans la matinée; 28
Je fus reçu avec M. Jacquinot par le capitaine de port
qui nous attendait sur le quai, pour nous faire^ses
offres de service ; il voulut être lui-même notre guide
auprès du gouverneur dont nous atteignîmes l’habitation
après: un quart d’heure de marche. Cette maison,
placée sur une hauteur, domine la ville et la rade,
et occupe une des positions les plus agréables. Son
extérieur n’offre rien de bien remarquable, il serait
même difficile de reconnaître y à sa vue, le palais de
la.première autorité de la cité; mais l’intérieur est
emménagé de la. manière ta plus confortable, et décoré
avec luxe. Le gouverneur, M. Bonhom, prévenu
de notre visite, s’empressa de venir à notre ren-
contre de la manière la plus aimable, et il ne voulut
nous laisser partir que lorsque nous eûmes accepté
le déj euner qu’il nous, avait fait préparer.
Les événements qui venaient de se passer en .Chine
et:qui, plus tard, ont amené la guerre injuste que
l’Angleterre a faite au céleste empire, occupaient tous
les esprits à l’époque de notre passage à Sincapoiir.
Chacun attendait avec anxiété quelles seraient les
conséquences des rigueurs exercées par les .Chinois
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