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VOYAGE
de sabres et de boucliers, quoique les armes à feu etla
poudre aient été importés chez eux à une époque très-
reculée , puisque les premiers Européens qui visitèrent
ces régions trouvèrent les praos du pays armés de
petits canons en bronze. Le fer des lances est plat et
tranchant des deux côtés, le manche est en bois dur de
palmier, le bas est orné d’une queue de cheval qui
lui donne une élégance dont les habitants sont très-
jaloux ; une de ces lances, garnie d’une belle ciselure
en o r , fut estimée devant moi à un prix exorbitant,
M. Bousquet, qui en était le possesseur, me l’envoya
le lendemain en échange de quelques cadeaux que
je lui avais faits , parmi lesquels se trouvait un
beau fusil à piston avec son fourniment complet.
Je traversais la ville de Makassar avant de me rendre
à l’invitation du gouverneur , lorsque je fus attiré
vers l’entrée d’une maison , par le bruit d’une
musique de gongs et de flûtes. Je m’y présentai
et j’y trouvai une grande affluence de curieux qui
m’apprirent que cette maison était celle d’un Chinois
dont le fils devait se marier incessamment. Tous les
oificiers français avaient été invités par le père à assister
à la cérémonie ; plusieurs déjà en avaient profité
et ils étaient entrés dans la maison; c’était une bonne
fortune pour nous d’assister à pareille fête, mais pour
cela il eût fallu braver la chaleur suffocante d’un
appartement oû s’étaient groupés un grand nombre
d’individus; je n’eus point ce courage; du reste il
était près de six heures, et il était temps de songer
à l’invitation que j’avais acceptée.
DANS L’OCEANIE.
Je trouvai la table du résident admirablement servie
; elle comptait dix-huit couverts, destinés aux
principales autorités du pays; à voir la variété des
mets qui vinrent l’orner, et surtout l’aisance et la
grâce avec lesquelles M. et Madame Bousquet en faisaient
les honneurs, nous eussions pu nous croire
transportés dans un des salons les plus somptueux
de la capitale, au milieu d’une société choisie. Nous
trouvâmes là les légumes et tous les fruits d’Europe
réunis à toutes les productions des zones torrides ;
cette soirée fut des plus agréables. Nous ne nous
retirâmes que fort tard en prenant rendez-vous avec
M. Bousquet pour aller faire le lendemain une visite
au roi de Goa, qui habite dans une ville de ses États
assise sur la rivière de même n om , à une petite distance
de Makassar.
A dix heures du matin le gouverneur vint me rendre
sa visite à bord de V Astrolabe ; il m’annonça que
notre promenade à Goa serait remise au jour suivant,
attendu qu’il n’avait pu faire prévenir le Krain (roi
de Goa) de sa visite. Je profitai de la circonstance
pour demander un sauf-conduit à M. Bousquet
pour M. Demas que je voulais envoyer dans le
grand canot en reconnaissance hydrographique au
large de la côte; il me l’accorda sur-le-champ, mais
en même temps il crut devoir me prévenir qu’il
serait prudent d’armer le canot de fusils et de
pierriers, afin d’être dans tous les cas capable de
repousser une attaque des pirates qui infestent ce
détroit.
13
1839.
Mai.
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