
 
        
         
		Heureusement la marée baissait depuis  environ deux  beures ,  
 et nous  avions l ’espoir de nous dégager  a la pleine mer suivante.  
 Une ancre à  jet élongée  derrière n’ayant eu aucun  succès,  nous  
 mîmes  la cbaloupe  à  la  mer  et  nous  envoyâmes  dans,  la même  
 direction  une  ancre de  poste que  nous eûmes  le  soin  d’empon-  
 neller,  et  sur  laquelle nous  virâmes avec  force  et  à  plusieurs  
 reprises sans  faire bouger la  corvette de place. 
 Nous  vîmes dès  lors qu’il  fallait attendre  que la mer montât ;  
 le  bâtiment,  du  reste,  ne  fatiguait pas  et n’éprouvait  aucune  
 secousse;  nous  eûmes  seulement  le  soin  de  virer  d’heure  en  
 heure  sur  le  câble pour  le  maintenir  toujours  aussi  roide  que  
 possible.  A  quatre  beures  du  soir,  Teau  étant déjà plus  haute  
 de deux pouces qu’elle ne  Tétait à  l’instant  où  nous  nous étions  
 échoués,  le  câble mollit tout à coup  et nous prévint que la Zélée  
 venait  de  quitter  son  point  d’arrêt ;  nous  virâmes  aussitôt,  et  
 peu  après nous  étions  entièrement dégagés.  A  six  heures,  nous  
 bordâmes nos huniers,  et à  six  heures et demie nous avions  repris  
 notre  poste  près  de  VAstrolabe ,  q u i,  à  l’instant  de  notre  
 accident, avait mouillé à un mille de nous et nous avait envoyé  
 son grand canot  avec une  corvée  de  quinze hommes. 
 Ce  banc,  inconnu  jusqu’alors,  fut  parfaitement  déterminé  
 par  des  relèvements que  prit M.  de Montravel et par le  travail  
 du côtre anglais, qui se  trouvait  alors occupé  à  sonder à  peu  de  
 distance  de  cet  endroit. 
 ( M.  Jacquinot. ) 
 Note  16,  page  107. 
 Comme  il  était encore de bonne  heure,  lorsque nous débarquâmes  
 à  Victoria,  nous  acceptâmes  avec  empressement  la  
 proposition  que  nous  fit  le  commodore  Bremer  de  profiter  
 du reste  de  la fraîcheur pour faire un tour  de promenade et visiter  
 la colonie naissante.  H  était bien aise de nous montrer  tous  
 les  travaux  exécutés  dans  l’espace  de  cinq  mois,  et  nous  ne  
 pûmes  réellement que  louer  la manière  dont les  colons avaient  
 employé  leur  temps,  et  l’activité  qu’ils  avaient  déployée  dans  
 un  aussi  court  intervalle. 
 Dans le principe,  la colonie possédait une  assez grande  quantité  
 de volailles qu’on laissait vaguer  en  liberté ;  elles ont é té , en  
 partie,  détruites  par  les  serpents,  et aujourd’hui  celles qui  restent  
 ,  se  trouvant  à  l’état  sauvage,  Ton  est  obligé  de  les  tuer  à  
 coups de fusil, quand on veut s’en procurer quelques-unes  
 Les  environs de  l’établissement  sont couverts d arbres qui,  en  
 apparence,  sont très-beaux  et  sembleraient pouvoir  servir  à la  
 construction  des  édifices ;  mais la plupart sont hors d état d etre  
 utilisés ,  car  ils  sont  percés  dans  leur intérieur par les  fourmis  
 maçonnes qui abondent dans cette  contrée. 
 Avant  de  rentrer dans la  maison du  gouverneur,  nous  vîmes  
 Tbôpital,  les  casernes,  et  le logement destiné  aux officiers militaires. 
  Ces  trois constructions  auxquelles  étaient encore  occupés  
 les ouvriers,  ne  tarderont  pas  à  être  achevées.  Toutes  les cases  
 où logent  aujourd’hui  les  soldats,  ne  sont  que  des  cases  d a ttente, 
   et se  ressentent de la précipitation  avec laquelle elles  ont  
 été  élevées ;  elles  suffisent  néanmoins pour les mettre à Tabri. 
 Les naturels fréquentaient habituellement la nouvelle ville,  et  
 s’étaient  établis à peu de distance avec  leurs  femmes;  ils  ne  s’étaient  
 jamais  montrés  hostiles;  ils  avaient  toujours  vécu  en  
 bonne  intelligence  avec  les  Anglais ;  toutefois  une  rixe  qu ils  
 avaient eue, quelques  jours avant notre  arrivée, avec les Malais,  
 pêcheurs  de  tripang,  et  dans laquelle un natif avait  été blessé ,  
 les  avait  éloignés  momentanément.  Nous  n’en  vîmes  aucun ;  
 nous  apprîmes  avec peine que  la  maladie vénérienne  était déjà  
 parmi  eux et  causait  des ravages. 
 {M.  Jacquinot.) 
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