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son terre-plein avec les larges esplanades qui isolent le fort Rotterdam
du quartier européen et du campong Baro. Ce fort, quoique
très-défectueux sous le rapport du plan et du défilement,
est néanmoins suffisant pour contenir les Makasses qui n’y regardent
pas de si près ; on y trouve une assez grande église, des
magasins etdes logements pour une garnison de 4 à 500hommes,
Mais, comme la défense des établissements hollandais est en
grande partie confiée aux Javanais, on a construit pour eux une
caserne en bambou au pied du fo r t, sur le terre-plein même
du retranchement dont nous avons parlé. La garnison européenne
, qui s’élève à peine à deux cents hommes, est logée dans
l ’intérieur du fo rt, où elle peut jusqu’à un certain point compter
sur la fidélité des milices j avanaises. Quoique nous n’ayons aucune
donnée positive sur le nombre de ces auxiliaires, nous pensons
qu’on peut l ’évaluer à six cents hommes.
Le fort Rotterdam ne suffisant pas pour garantir la ville des
incursions des naturels, on a construit dans l’E s t , à environ six
ou sept cents mètres de distance, une petite redoute ou fortin bien
terrassé, avec fossé plein d’eau, sans chemin couvert. Cet ouvrage
est bien placé pour battre la plaine dans toutes les directions
, et pour servir à la garnison de poste avancé. La partie
méridionale de la ville est défendue par une petite batterie,
non loin de l’embouchure de la rivière de Goa. Mais, ici
comme dans leurs autres possessions, les Hollandais sont si faibles
, qu’ils se trouvent à la merci de la puissance maritime qui
voudra bien les déposséder. Ils son d’ailleurs trop politiques
dans leur domination, pour que les indigènes, naturellement
mous, ignorants dans l’art de la guerre, et presque toujours
divisés, travaillent sérieusent à leur affranchissement.
La vaste esplanade sur laquelle est assis le fort Rotterdam est
bornée au nord et au sud par deux boulevards plantés d’arbres,
et bordés d’assez belles maisons habitées par les Européens. On
remarque dans les habitations la même propreté, le même goût
et le même confortable qu’on trouve dans les autres colonies
hollandaises. Au sud de Rotterdam s’étendent sur le bord de la
mer les deux longues rues qui composent le campong Baro. Les
cases sont faites de bambous, entourées de cours ou jardins. Ce
quartier est principalement habité par les cultivateurs et les
pêcheurs. La grève est couverte de praos et pirogues de toutes
dimensions. Ces dernières portent deux balanciers en bambou et
une immense voile de paille dont la forme est celle d’un long
rectangle. La voile, formée de trois lés, est enverguée sur deux
bambous. La construction de ces pirogues est assez soignée, et
quoique sous le rapport des formes et de la légèreté elles n’offrent
rien de remarquable, elles m’ont paru cependant douées
d ’une très-grande vitesse, ce qu’elles doivent sans doute à leur
système de voilure. On emploie pour les calfater une sorte de
mastic fait avec la chaux des coquillages et un suc résineux.
{M. Roquemaurel.)
Note 3 9 , page 228.
L,es Makasses se livrent aux femmes avec fureur ; ici comme
dans l’archipel Indien les jeunes filles sont parfaitement libres
de leur corps, et souvent, dit-on, elles n’attendent pas même
Tâge de puberté pour se livrer ; aussi les populations sont-elles
généralement chétives et énervées. Après les femmes, leurs passions
dominantes sont le jeu et l’opium. On ne saurait croire à
quel point cette dernière leur est funeste ; elle engendre chez eux
les maladies les plus affreuses, et finit par les abrutir complètement
; il existe des maisons tenues par des Chinois où ils se réu
nissent pour jouer et fumer. Là vous voyez desbommes dans un
état d’ivresse presque complet, et conservant à peine la raison
nécessaire pour jeter sur la rouge ou sur la noire le peu d’argent