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Ifconsommateurs
passionnés de la fameuse huile de Makassar, si
on lui substituait en France son nom malais?
(M. Desgraz.)
Note 44, page 228.
..................Nous sommes mouillés à l’embouchure du fleuve
Banjer-massin qui roule autour de nous ses flots jaunes etagités.
L’oe il, en remontant son cours, le perd bientôt au milieu des
arbres qui forment une bordure uniforme sur toute la côte à
notre gauche. A droite , au contraire, s’étend une longue plage
de sable , à laquelle on a donné le nom de pointe S alatan. C est
la dernière rive du fleuve. Le ciel couvert de sombi'cs nuages
ajoute à la tristesse du paysage.
Voilà donc cette terre de Bornéo ! cette grande ile dont on
connaît à peine les rives, et dont l’imagination essaye en vain de
pénétrer les mystérieuses profondeurs. Le peu qu’ont appris sur
ce pays les récits imparfaits de quelques voyageurs et fonctionnaires
hollandais, augmente encore la curiosité. C’est qu’en effet
il renferme des richesses de toute sorte, la terre recèle des diamants
et les fleuves charrient de l’or. Que de productions nouvelles
de tous les règnes sur ce sol inexploré! Là se trouvent des
peuplades diverses, différant par la couleur, les coutumes, le
degré de civilisation. Nègres habitant les montagnes, jaunes, tatoués
comme les Polynésiens; peuplades presque blanches , enfin
des Malais, des Chinois, e t c ., les uns hardis pirates, les autres
cultivateurs ; beaucoup anthropophages, presque tous féroces et
belliqueux. Quelle moisson pour le naturaliste, le philologue ,
Tetnographe ! La connaissance de l’intérieur de Bornéo donnera
sans doute la solution de bien des problèmes; mais malheureusement
il est encore pour longtemps fermé aux investigations des
Européens ; quelques- uns ont déjà payé de leur vie leur zèle pour
la science.
Nous nous étions bercés de l’espoir de faire un jour ime longue
relâche sur un point de Bornéo. Tel était le projet de M. d’Urville
; mais i c i , où nous sommes, il faut y renoncer ; l’établisse ment
hollandais de Banjer-Massin se trouve à 15 lieues dans
l’intérieur, sur la rive du fleuve, et il est impossible de remonter
jusque-là avec nos lourdes corvettes. Notre exploration de Bornéo
se réduit donc à une simple promenade sur une plage déserte.
N’importe, la terre est une bonne chose, surtout quand on n’en
a pas l’habitude. Hâtons-nous donc de prendre fusil et gibecière,
car le canot va partir.
Nous touchons le rivage, nous abordons à une longue plage
de sable u n i, sur laquelle aucun pied humain n’a laissé sa trace.
A la plage succède un tapis de gazon vert et touffu, mais parfois
inondé et marécageux , et ombragé çà et là par de beaux arbres
où chantent une multitude d’oiseaux. Au delà s’étend une épaisse
forêt. J’ai d’abord essayé d’y pénétrer, mais elle est tellement
serrée, tellement remplie de joncs, de ronces, de lianes inextricables,
de plus le sol est si marécageux que j’ai dû y renoncer
et revenir sur ses abords. Du reste je n’ai aperçu dans le
l'ourré aucun oiseau ; sur les bords, au contraire, ils sont très-
abondants.
J’en tuai plus de vingt espèces, mais presque tous connus. Les
plus remarquables étaient le Souïmanga g ra c ieu x , revêtu des
plus riches teintes métalliques, la très-petite perruche à tête
bleue, le gobe-moucbe flambé, noir et vermillon, enfin des zos-
terops, des lo r a , des Edeles, le Pic pourpre et un Engoulevent
assez commun ; il se tenait caché dans les grandes herbes, et
partait de très-près ; son vol doux et lent permettait de le tuer
facilement.
Les productions des autres ordres que nous nous procurâiïies
furent la belle belice retrorsa? et dans les marécages sur les
racines, des milliers d’auricules, de cérites , de littorines, etc.