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Anglais en ont aperçu qui rôdaient autour de leurs demeures,
M. Priest en avait tué un énorme à la porte de
sa cabane quelques jours avant notre arrivée. La présence
de ces dangereux reptiles qui inspirent aux Anglais
de grandes craintes pour la conservation de
leurs troupeaux, les force aussi à une surveillance
très-active, surtout dans les environs des parcs des
bestiaux.
Il nous restait encore à parcourir le jardin du
gouverneur où se font les essais d’agriculture de
la colonie. M. Armstrong, botaniste attaché à l’établissement
, nous en fit les honneurs. Il est vaste et
bien cultivé; au milieu de nombreuses plantations des
plantes les plus utiles, M. Armstrong nous fit surtout
remarquer plusieurs plants de cocotiers auxquels il
attachait le plus grand prix. C’est là en efiet l’arbre
nourricier des zones tropicales; l’Australie en est totalement
privée, tandis que les terres, voisines, en
sont si riches ; nous remarquâmes aussi des plants
de bananiers, d’arequiers, e tc ., et enfin toutes les
plantes qui croissent si rapidement sous la zone
torride. Je m’éloignai en faisant des voeux sincères
pour le succès de ces essais utiles, d’où dépendait
en grande partie le sort de la colonie. Mais j’avoue
que je ne partageai point en entier l’espoir de
M. Armstrong, qui déjà semblait voir à l’aspect de
son jardin se réaliser ce beau rêve de féconder cette
grande terre qui paraît si aride et si peu productive.
Un des plus grands fléaux contre lequel les Anglais
aient à lutter, c’est l’envahissement continuel de leurs
jardins et même de leurs demeures par les fourmis.
En peu de temps, ces insectes malfaisants ont
bouleversé le terrain et dévoré tous les semis qui lui
ont été confiés. Les plus gros arbres ne sauraient
échapper à leur action incessante ; i Is sont percés
en mille endroits divers, leur végétation s’arrête,
et leurs troncs mutilés deviennent impropres aux
grandes constructions des vaisseaux, car ils manquent
souvent de solidité.
Les rivages du port Essington, pas plus que ceux
de la baie Rafles, ne présentent nulle part une aiguade
facile. Nulle part on n’y rencontre même un ruisseau
où le voyageur puisse étancher sa soif. Ce manque
absolu d’eau dont l’agriculture a tant besoin, surtout
sous la zone torride , sera toujours un obstacle
pour des plantations importantes. Il est vrai que
près de l’établissement se trouvent quelques marais
où les Anglais espèrent faire prospérer le riz, mais
il reste encore à savoir si l’eau, toujours un peu saumâtre
de ces marécages, ne sera pas au contraire un
obstacle à la végétation de cette plante. Ce n’est qu’à
des profondeurs considérables que l’on rencontre
de l’eau douce. Cinq puits de plus de dix mètres
de profondeur ont été creusés par les Anglais, quatre
sont entièrement terminés et maçonnés en dedans ; ils
fournissent de l’eau en abondance et de bonne qualité,
et pourvoient à tous les besoins de la colonie. Déjà
Victoria se trouve en mesure de fournir de l’eau
douce aux navires qui viendront y relâcher.
Nous étions arrivés au bout de notre course, nous