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à tous les frais de son gouvernement, grâce à la série d’impôts
sur l’opium, sur les spiritueux et sur les jeux qui y sont établis
comme dans les autres colonies.
Les habitants de Makassar sont toujours armés de kriss, de
lances ou de hambelas; on fabrique toutes ces armes dans 1 de
et il en existe une grande variété. Le caractère de leur kriss est
d’avoir la lame droite. Ces armes sont frottées sans cesse avec du
citron et de Tarsenic, leur tranchant est toujours parfaitement
aiguisé ; la lame est composée d’une étoffe métallique de fer
et d’acier dont la trempe très-molle ne résisterait pas à nos armes
les plus communes; cependant ils les préfèrent de beaucoup
aux nôtres et donnent à ces armes des valeurs de caprice tellement
exagérées que l’Européen qui ne peut saisir les nuances
qui les distinguent, en est stupéfait. La plupart ne touchent jamais
à leur kriss sans prononcer avant quelque parole sacramentelle
; toutes leurs armes sont ornées avec le plus grand
luxe, elles sont garnies à la poignée et au fourreau d’or ou d’argent
; les gens riches les portent attachées à des ceintures en soie
brodée d’or fort élégantes, dans lesquelles ils font consister leur
principal luxe.
Nous trouvâmes à acheter pendant notre séjour un grand
nombre de ces armes, tant au mont-de-piété que dans les boutiques
chinoises, où elles étaient en gage; les juifs de ces contrées
profitent de la passion effrénée des indigènes pour le jeu ,
pour leur extorquer jusqu’à leur dernier sou.
Les Chinois sont à la tête du commerce du tripang dont la
pèche forme la principale industrie du pays, si habilement
exploitée par les Bouguis ; ils s’arrangent toujours de manière
à maintenir sous leur dépendance les matelots employés à cette
pêche, en leur faisant des avances qui les forcent constamment
de repartir pour de nouveaux voyages, afin de s’acquitter.
[M. Dubouzet.)
Note 38 , page 228.
La ville de Makassar, en y comprenant ses faubourgs ou cam-
pongs, occupe sur le rivage près d’une lieue d’étendue, mais
sa plus grande largeur est à peine de 300 à 400 toises. Elle est
bâtie sur une vaste et belle plaine, terminée à 6 ou 8 lieues par
la chaîne des montagnes de Bontain. Au centre de la v ille , et
à 50 mètres du bord de la mer, s’élève le fort Botterdam, qui fut
jadis construit par les Portugais; il a la forme d’un rectangle
qui présente ses longs côtés à la plaine et à la rade. Ce fort, à
4 bastions, a un rempart de pierre entouré d’un petit fossé
plein d’eau. Ic i, comme à Ternate , l’ingénieur a laissé au pied
du rempart une très-large benne , destinée sans doute à rendre
à l’assiégeant l ’escalade plus facile , après le passage du fossé; il
n’y a point de chemin couvert ; la porte de terre percée au milieu
de la longue courtine qui regarde la campagne est en partie
couverte par une demi-lune si petite qu’elle n’empêche pas la
porte d’être vue obliquement du dehors , et ne tire qu’une faible
défense des bastions. La deuxième porte s’ouvre du côté de la
mer auprès du bastion du N.-O. Cette face de la forteresse n’est
pas entourée par le fossé, dont les eaux se jettent à la mer, après
avoir baigné les fronts du Nord et du Sud ; mais on a fait sur le
bord de la mer une sorte de chemin couvert ou retranchement
en gazon qui couvre assez bien la courtine et la porte. Ce retranchement
forme un petit crochet à chaque extrémité, vis-à
vis les bastions correspondants ; il n’a pour toute défense de flanc
qu’un petit redan qui manque de saillie, mais où Ton pourrait
cependant établir deux pièces légères ; cet ouvrage n’étant pas
flanqué, et ne dominant le rivage que de 2 à 3 mètres, peut être
facilement emporté. Un pont-levis établi à chaque extrémité
de ce retranchement, sur le petit fossé, met en communication