nus, a suivi toutes leurs opérations qu’il décrit ainsi :
« Rien ne pouvait être plus triste que notre séjour à
la baie Rafles, la chaleur y était intolérable, la toile
de notre tente ne nous donnait qu’un abri très-imparfait,
pour nous garantir de l’ardeur des rayons
solaires et de la pluie que nous apportaient de distance
en distance, les grains poussés par la mousson
d’ouest. Les mouches nous harcelaient pendant le
jour ; la nuit elles étaient remplacées par les moustiques
; et un de mes hommes avait tellement souffert
de leurs piqûres, que ses membres et sa figure
en étaient boursouflés ; un instant même je craignis
qu’il, ne pût soutenir pendant tout le temps de la
relâche les fatigues de l’observatoire. Lorsque pour
nous mettre â l’abri de ces insectes, autant que pour
nous rafraîchir, nous nous plongions dans la mer,
une foule innombrable de petits crustacés presque
imperceptibles venaient s’attacher â notre corps en
nous faisant éprouver une vive douleur semblable â
la piqûre d’une aiguille. Pour comble d’ennu is, notre
habitation était devenue le rendez-vous des rats
qui dévoraient tout ce qu’ils trouvaient â leur portée
; nos lit s , quoique suspendus, et nos provisions
étaient envahis par les fourmis ; notre seule distraction
consistait à nous promener dans l’île à l’ombre
de quelques arbres qui garnissaient le sol.
« Souvent dans mes courses j’avais remarqué sur
plusieurs points, de petits murs construits en pierres
sèches, et affectant la forme de plusieurs demi-cercles
accolés les uns aux autres. Vainement j’avais cherché à
me rendre compte de l’usage auquel étaient destinées
ces petites constructions, lorsque les pêcheurs malais
arrivèrent. A peine leurs bateaux étaient-ils ancrés,
qu’ils se hâtèrent de descendre dans l’île plusieurs
grandes chaudières en fonte affectant la forme d’une
demi-sphère, dont le diamètre atteignait souvent la
longueur d’un mètre ; ils les placèrent sur les petits
murs en pierre dont j’ai parlé et qui leur servent de
foyers. Près de ces fourneaux improvisés, ils élevèrent
ensuite des hangars en bambous composés
de quatre forts piquets fichés en terre supportant
une toiture qui recouvrait des claies destinées
probablement â faire sécher le poisson lorsque le
temps est â l’orage. Pendant leur séjour sur cette
rade, ces pêcheurs, servis par un temps favorable, ne
firent aucun usage de ces hangars qu’ils avaient mis
en état, je présume, par mesure de précaution.
« Cette foule d’hommes travaillant avec activité â établir
leurs laboratoires,avait donné â cette partie delà
baie un aspect inaccoutumé qui ne pouvaittarder d’attirer
vers ce point les sauvages habitants de la Grande-
Terre. Rientôt, en effet, ils accoururent de tous côtés;
presque tous atteignirent la petite î l e , soit â la nage,
soit en traversant â gué 1 a nappe d’eau peu profonde qui
la sépare de la Grande-Terre. Je n’aperçus qu’une seule
pirogue en écorce d’arbre mal assemblée, et qui avait
donné passage à trois de ces visiteurs. Lorsque la nuit
arriva, les Malais avaient terminé tous leurs apprêts ;
quelques-uns d’entre eux seulement restèrent à la
garde des objets déposés â lerre, tous les autres rega