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 seuls débris  soit  à  la  plage ,  soit  sur  les flancs  des montagnes  ,  
 d’Amboine par exemple, prouve non-seulement que le niveau relatif  
 de la terre et de la mer  a changé, mais  aussi que le milieu de  
 Tarcbipel,  en  s’encaissant,  a  perdu  les  qualités nécessaires  à  
 leur  existence.  Ces  animaux n’érigent  leurs  constructions  que  
 sur les  chaussées  les  plus exposées  à l’agitation des  flots  :  ce qui  
 le prouve d’une manière réellement surprenante, c’est  qu’ils ont  
 abandonné  l ’intérieur de  l ’archipel  et qu’ils  prospèrent  au contraire  
 sur les lisières qui bordent les mers les plus vastes et les plus  
 profondes.  C’est ce que  l’on peut  observer  en  suivant la portion  
 intertropicale  de  la  côte Est de  la Nouvelle-Hollande,  la côte  
 sud  de  cette  partie  de  la  Nouvelle-Guinée  qui porte le nom  
 de Louisiade,  les  hauts  fonds  du  détroit  de  Torrès,  toute  la  
 côte  septentrionale  de  la  Nouvelle-Guinée  et  de Waigiou ;  la  
 côte Est de Gilolo,  des Philippines  et  de Formose ;  enfin la côte  
 sud-est de Sumatra,  le  sud de  tous les  autres îles de  la  Sonde ,  
 depuis Java jusqu’à  Timor.  Tous  les pertuis  où  le mouvement  
 des marées entretient  de continuels changements  de  niveau  entre  
 des bassins  différents et  d’une  grande  étendue,  nourrissent  
 aussi des polypiers :  je pourrais  citer  ici  les divers détroits  de la  
 chaussée  de  Sanguis,  entre  Mindanao  et Celèbes,  ceux  de la  
 chaussée des îles Soloo  ,  entre la  première de  ces îles  et Bornéo. 
 C’est  surtout sur  la  côte et sur  les îles  basses qui  défendent la  
 côte,  que  les ptérocarpus  indicus  et  marsupium  élevent  leurs  
 majestueuses*  tiges ;  sur  les  rives  de  la  baie  du  Triton  ils ont  
 adoptóles bords  un  peu marécageux de la  rivière’'.  L’extrémité  
 de  leurs  branches  les  plus  élevées  sert  de  refuge  aux  paradisiers  
 et  aux  calaos ;  les  cris incessants  et  glapissants  de  ces animaux  
 retentissent  continuellement dans ces forêts  où,  sans  eux,  
 régnerait le plus profond silence. Sous ces hautes futaies les brèves 
 *  Sous leurs feuilles  mortes  ,  sous  leurs  vieux  troncs  renversés ,  ainsi  que  
 sous les débris  des palétuviers, vit,  en  grand nombre ,  la belle  coquille appelée  
 oreille de Midas. 
 poursuivent  les  fourmis *  dont elles  se  nourrissent.  Les naturels  
 d’Arrou  teignent  en  orange  très-durable  avec l’écorce des  ptérocarpus  
 ; ces métis ainsi que les Macassars, les Amboiniens et autres  
 habitants de  l’archipel,  cultivent lé P.  indicus près de leurs  
 demeures,  afin de parer de leurs fleurs la chevelure de leurs femmes. 
   On fait avec  sou bois des poteaux et  des constructions d’une  
 très-grande durée;  il  acquiert plus de dureté  par  son  séjour  en  
 terre ;  son tronc  et  ses branches  distillent une  espèce de  gomme  
 astringente qui  n’est pas moins  efficace que le  cachou pour  raffermir  
 les gencives,  réprimer  les  plaies  exubérantes,  diminuer  
 le volume des amygdales engorgées, etc. On assure à Amboine  et  
 à Banda  que  la  décoction  de  ce  bois  est très-efficace  contre  la  
 dyssenterie.  Je ne  suis point éloigné de  le  croire. L’aubier peut  
 en  être mâché  comme aromate  agréable.  Le ptérocarpus  flavus  
 pousse  aussi  sur  le  bord  de  la mer ;  son  bois  jaune n’a point  
 de durée,  mais pourrait  être  utilisé pour faire  de  petits  meubles. 
   A  ses  côtés  on  trouve  le  terminalia  procera,  joli  et  bel  
 arbre  aux longues  et larges  feuilles  disposées presque  en parasol  
 à  l’extrémité  des  rameaux,  et  à  fleurs  axillaires  groupées  en  
 grappes blanches  d’un charmant effet. 
 Nous  y  avons  revu  en  assez  grande  abondance  le  myristica  
 philippensis  qui  croît  aussi  dans  les  Moluques  et  surtout  à  
 Banda où  il  est défendu de mêler  son  fruit à  celui du  véritable  
 muscadier.  Ses  noix  ressemblent  beaucoup ,  au premier  coup  
 d ’oe i l ,  à la  muscade,  mais elles n’en  ont  ni le goût,  ni  l’odeur  
 parfumée. Cependant les propriétés vénéneuses de ces deux fruits  
 sont les mêmes.  Prise  à  haute dose , la poudre de la  fausse muscade  
 ,  comme celle de  la  muscade  aromatique,  peut  donner la  
 mort  en  stupéfiant  le  système  nei’veux.  Elle  détermine  une  
 sorte  d’ivresse  qui  peut  aller  jusqu’à  la  léthargie.  Les  oiseaux 
 *  Fait ju sq u ’alors d o u te u x ,  et qui  ne l’est  plus  pour nous.