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 qui  nous  étions  déjà  unis  par les  liens  d’une  franche  
 et  cordiale  amitié.  Je  cherchai  à exprimer à  cette famille  
 toute  la  reconnaissance  que  je  conservais  de  
 son  aimable  accueil,  puis  nous  nous  séparâmes,  
 emportant  avec  nous  le  souvenir  plein  de  charmes  
 des  moments  passés  près  des  autorités  hollandaises  
 de  Makassar,  qui  nous  accompagnaient  encore  de  
 leurs voeux  pour  la  réussite  de  notre mission. 
 Tous  les  préparatifs  de  l’appareillage  avaient  été  
 faits  dès  la  veille ;  dès  que  les  canots  eurent  ramené  
 MM.  les  officiers  chargés  des  chronomètres,  et  qui  
 étaient  allés une  dernière  fois observer  à  terre,  nous  
 remimes  sous  voiles  et  sortîmes  du  port.  Pendant  
 longtemps  les  calmes  nous  laissèrent  voir  le  fort  
 Rotterdam  et  la  ville ;  puis  la  brise  se  fit,  nos  corvettes  
 reprirent  leur  vitesse,  et  nous  laissâmes  derrière  
 nous  quelques  barques  du  pays  qui  avaient  
 profité  de  la  circonstance  pour  venir  nous  vendre  
 des  provisions. 
 Rien  ne  vint  troubler  notre navigation  pendant  la  
 n u it,  la  brise nous  poussait rapidement dans l’ouest;  
 la sonde indiquait des brassiages assez réguliers, dans  
 cette mer  peu profonde. 
 Le  lendemain,  dans  la  matinée,  nous  aperçûmes  
 le petit  archipel de Nousa-Tomjn,  composé de quatre  
 iles  basses,  boisées  et  de  peu  d’étendue.  Quelques  
 changements  de  couleur  dans  l’eau  et  des  fonds  
 de  6  et  8  brasses,  sur  lesquels  nous  sondâmes,  
 nous indiquèrent plusieurs  hauts-fonds  dans  le voisinage. 
 11  était  près  de m in u it,  lorsque  la  vigie  signala de  
 nouveau la  terre  par  bâbord ;  puis  tout  d’un  coup  la  
 sonde  accusa  la  présence d’un  haut-fond,  par quatre  
 brasses  de  profondeur,  sous  les  corvettes  qui  couraient  
 de  toute  leur  vitesse.  Serrer  toutes  nos  voiles  
 et laisser  tomber nos  ancres fut l’affaire d’un instant ;  
 il en  était  temps,  car  nous  ne  sondions plus  que  par  
 trois brasses  (15 pieds),  et nos navires  avaient  besoin  
 de  treize  pieds  pour flotter. 
 Au  jour,  nous  reconnûmes  que  nous  étions  tombés  
 sur  un  haut-fond,  dans  le  voisinage  du  petit  
 archipel Nousa-Seras  formé  par  la  réunion  de  petits  
 îlots  bas  et  boisés.  Nos  canots,  envoyés  en  reconnaissance, 
   eurent  bientôt  constaté  que,  pendant  
 la  n u it, nous  étio-ns  venus mouiller  précisément  sur  
 le  plateau  le  plus  élevé  de  ce  haut-fond  de  sable  
 et de  corail,  qui ne pouvait plus être dangereux pour  
 nous. 
 Le même jour,  à  la  tombée de  la  n u it,  nous  aperçûmes  
 les  îles  hautes  et  peu  étendues  de  Poulo-Laut  
 et  de Moresses,  que  nous  ne  devions  plus  perdre  de  
 vue  que  pour  reconnaître  les  terres basses et boisées  
 de Bornéo,  près  desquelles  je  voulais  aller mouiller. 
 Quelques  rares  sommets  les  dominent,  un  large  
 banc  de  vase  les  entoure.  Il  fallut  redoubler  de  précautions  
 pour  nous  approcher  de  Tanjong-Salatan  
 (la  pointe  Salatan)  ;  nos  canots,  envoyés  en  avant,  
 dûrent  éclairer  notre  route.  Mais  malgré  tous  nos  
 efforts  pour  nous  approcher  du  rivage,  nous  dûmes  
 laisser  tomber  l’ancre par  cinq brasses  seulement  de 
 1839.  
 30 mai. 
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