sur la plage ; elles semblaient être les habitations les
plus confortables des naturels, chacune d’elles portait
un petit toit en feuilles de cocotier. Enfin nos
marins remarquèrent encore un petit sentier bien
battu et qui paraissait conduire dans l’intérieur.
Mais pressés par le temps ils ne s’y engagèrent point,
et ils remirent à la voile pour continuer leur excursion.
En rangeant de très-près la pointe occidentale de
la plus grande des îles de l’en tré e , ils aperçurent
au haut de la falaise qui la limite vers la rive , deux
corps exposés et enveloppés dans des feuilles de
cocotier; du côté des pieds ils remarquèrent une
espèce de vase renversé dont ils ne purent reconnaître
ni la nature ni l’usage. Enfin le grand canot
de la Zélée après avoir fait quelques lignes de sondes
visita les deux petits archipels d’îles peu considérables
et qui se trouvent au milieu de la baie. Ces îlots,
dont quelques-uns étaient garnis de cocotiers, semblaient
être entièrement déserts. Cependant sur un
de ceux qui avoisinent la côte orientale, il existait une
case assez considérable, mais qui paraissait abandonnée
depuis longtemps.
Tous nos travaux étaient terminés, nos hommes
s’étaient reposés; deux matelots qui depuis notre
départ de Rafles-Bay paraissaient souffrir des atteintes
du scorbut étaient entièrement rétablis; je
me préparai à quitter le mouillage dès le lendemain.
Les dernières excursions des deux grands canots
m’avaient confirmé que nulle part dans la baie
Triton, on ne peut espérer de mouiller en sûreté ,
partout et même très-près de terre la sonde avait
accusé de trop grands fonds pour y laisser tomber
l’ancre. Tous nos préparatifs d’appareillage furent
faits pour mettre à la voile dans la matinée du lendemain,
afin de gagner la mer libre dès le même jour.
A sept heures du matin nous avions levé nos ancres,
le temps était couvert, aucun vent ne vint gonfler
nos voiles ; il fallut employer nos avirons de galère,
et nous servir de nos canots comme remorqueurs
pour sortir du havre Dubus et gagner la baie Triton.
L à , nous éprouvâmes un autre contre-temps ; nous
trouvâmes la brise faible et établie au sud-ouest. Il
fallut louvoyer péniblement toute la journée avec des
grains continuels qui nous apportaient beaucoup de
pluie. Heureusement vers le soir le ciel se dégagea
et l’horizon s’éclaircit ; nous pûmes continuer notre
marche et quitter la baie pendant la nuit.
Nous étions peu éloignés des rochers qui en ferment
l’entrée lorsque le jour se fit. La pluie tombait
par torrents et le calme nous laissait immobiles.
Enfin vers le midi, il nous vint une jolie brise du
S.-E., qui nous permit de rapprocher et longer la
côte ; elle est haute et garnie d’une ceinture d’îles
élevées ; à notre gauche, nous apercevions à peine
les terres uniformes et médiocrement élevées de l’île
Adi. Une baie paraissant vaste et bien abritée, se
présentait sur notre droite, à la limite des hautes
terres de la Nouvelle-Guinée. Enfin, devant nous à 8
ou 10 milles, s’étendait un long rideau de terres basses
30
1 mai.
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