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1839.
Mai.
VOYAGE
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CHAPITRE LXVII.
Séjour à la baieWarrou (île Céram }. Traversée de la baie Warrou
à Macassar.
Nous franchîmes lestement les dix-huit lieues qui
nous séparaient de r île Céram ; au jour, la vigie signala
la terre. Je reconnus bientôt que de forts courants
nous avaient faitdériver dans le nord, et que nous
aurions beaucoup de peine à gagner le mouillage de
la baie Warrou où je voulais me rendre et sur lequel
j’avais dirigé ma route. En effet, nous avions à
peine doublé la petite île Parang, que nous aperçûmes
la file des maisons qui composent le village
de Warrou, dominé par un minaret au toit pointu
et élancé. La baie dans laquelle je voulais aller
mouiller était va ste, mais peu profonde et mal
abritée. Le vent avait subitement varié en approchant
la terre, et il finit par venir du fond du golfe.
Enfin, vers m id i, le temps se mit à l’orage en se
chargeant dans le sud ; dès lo r s, renonçant au pé-
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nible louvoyage par lequel il nous eût fallu acheter
le bon mouillage près de la côte, je laissai tomber
l’ancre par quatorze brasses de fond , à trois milles
environ du rivage.
Les Hollandais nous avaient toujours dit, à Amboine,
que leur station principale sur l’île Céram
se trouvait au village de Warrou, dans la baie du
même nom : nous nous attendions donc à trouver
sur ce point quelque autorité hollandaise, et même
une garnison ; mais nous fûmes rapidement détrompés.
Nous avions à peine paru à l’entrée de la baie,
que nous vîmes une pirogue du pays à double balancier
se détacher du rivage pour se diriger sur nos
bâtiments. Cette embarcation portait trois pavillons
sur trois mâts placés aux deux extrémités et au milieu
de la pirogue. Le pavillon aux trois couleurs de la
Hollande était fixé au mât du milieu, qui était aussi
le plus élevé ; les deux autres indiquaient sans doute,
par leur couleur, le rang et la nationalité du personnage
qui venait nous visiter. C’était VOrang-Kaya,
chef du village, muni de la canne à pomme d’argent
aux armes de Nassau, et la seule autorité du pays.
Son costume était des plus singuliers : une longue
robe rouge l’entourait de la tête aux pieds, et permettait
à peine de distinguer le pantalon et le gilet
jadis blancs, dont il était affublé ; ses pieds étaient
n u s, mais en compensation sa tête était garantie par
une double coiffure. En sa qualité de musulman, il
portait le turban, par-dessus lequel s’élevait un immense
chapeau de forme chinoise ; ses bords étaient
1839.
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