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se reposer. Bientôt, dans la direction où nous entendions
depuis la veille résonner le gong, nous
rencontrâmes un canal entièrement semblable â celui
dans lequel nous avions passé la n u it, mais il suivait
une direction opposée ; nous nous y engageâmes.
Nous avions à peine parcouru un demi-mille que
nous aperçûmes à travers les palétuviers un petit
morne sur lequel se trouvait un village. Sur le rivage
et dans une petite anse, nous vimes ensuite
un prao sur lequel plusieurs naturels exécutaient
leurs pantomimes au son du gong dont le bruit nous
avait guidés. Nous n’eûmes pas de peine à recon-
naitre l’embarcation de la veille montée par les
mêmes acteurs. Ces malheureux semblaient écrasés
par la fatigue, leurs mouvements étaient len ts, et
certes leur lassitude était facile à comprendre, si,
comme tout semblait le faire supposer, leur nuit
tout entière avait été employée à se mouvoir en
cadence sans changer de position.
«Notre arrivée mit naturellement tout le village
en émoi; le prao se hâta de nous céder sa place
et il alla un peu plus loin continuer les mêmes exercices.
Un naturel, dont le corps était entouré par une
bande d’étoffe de coton â plusieurs couleurs et qui
semblait être le chef, se trouvait sur la plage, vis-
â-vis le prao; peut-être jouait-il un rôle dans la
cérémonie. D’abord les naturels, au nombre de douze
â quinze, parurent peu satisfaits de nous voir descendre
â terre, cependant quelques cadeaux que nous
leur fîmes parurent nous attirer leur confiance ;
toutefois, comme tous ces hommes étaient armés de
lances et de flèches, M. Coupvent jugea prudent de
faire charger nos armes, afin d’éviter toute surprise.
Les naturels comprirent très-bien notre manoeuvre,
et ils témoignèrent une grande crainte ; ils ne furent
totalement rassurés que lorsque nous eûmes affirmé
que nous n’avions d’autres intentions que celles de
tuer des oiseaux et de vivre en bonne intelligence
avec eux.
« Le village se composait de dix maisons ; au-dessus
du village se trouvaient encore quelques petits
hangars que je crois être des tombeaux, nous ne
pûmes pas en approcher. Nous ne vimes d’autre culture
autour du village que celle de quelques courges
qui se trouvaient au-dessus des habitations. Nulle
part nous ne remarquâmes ni cocotiers, ni bananiers,
ni aucun arbre fruitier. Cette malheureuse tribu
paraissait être d’une pauvreté sans égale. Yaine-
ment nous déployâmes devant les regards de ces
sauvages plusieurs sortes d’objets qu’ils convoitaient
vivement, afin d’obtenir des vivres; ils ne pouvaient
disposer de rien.
« 11 nous avait semblé reconnaître parmi ces
sauvages celui qui était le chef de la troupe, nous
nous adressâmes à lui pour avoir la permission de
faire du feu ; aussitôt il nous désigna une maison
isolée et déserte, oû nos matelots s’établirent pour
préparer leur dîner; mais lorsque M. Coupvent et
moi, attirés par le bruit du gong, nous voulûmes
nous approcher des autres maisons, il s’y opposa.
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