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nombre de quarante environ, qui jouissent eux-
mêmes du titre de krains, auprès de leurs administrés.
Sans aucun doute, la Compagnie, avec ses restrictions
commerciales, avec son monopole exclusif, qui apporte
constamment des entraves au développement
de l’industrie indigène et même de l’agriculture, est
loin de retirer de Célèbes tout ce que cette terre féconde
peut produire. Mais, en s’emparant de Célèbes,
la Hollande n’a fait d’autre spéculation que celle
d’üter à une puissance rivale la possibilité de venir
faire une concurrence désastreuse aux produits de
Java. Toutefois, si Makassar ne donne pas de grands
profits à la Compagnie, elle ne coûte rien à son
trésor.
Les productions principales de Célèbes se composent
de coton et de café en petite quantité, de riz de
plaine et de montagne, de poivre, de b é te l, de maïs,
de manioc, de benjoin et de tabac qui est peu estimé.
Les indigènes élèvent aussi une grande quantité de
bêtes à cornes et des chevaux qui sont très-recherchés.
Quoique de petite taille, ils passent pour être les meilleurs
de toute l’Indehollandaise, Nulle part, peut-être,
les végétaux et la volaille ne sont à meilleur marché
qu’à Makassar ; c’est une relâche excellente pour tous
les navires qui fréquentent ces mers et qui ont besoin
de ravitaillements ; moyennant un droit fort lé g e r ,
ils peuvent facilement faire leur eau dans les puits
du fort, et la ville possède en abondance des vivres
irais de toute espèce. Aussi, cette colonie hollandaise
laisse voir, dans la classe pauvre, im bien-être que
l’on ne rencontre pas toujours ailleurs. Les indigènes
paraissent y vivre à leur a ise , bien qu’ils passent la
majeure partie de leur temps dans l’oisiveté et l’indolence.
La pêche des holothuries, celle des tortues,
qui paraissent être très-abondantes sur ces côtes, et
dont récaille est recherchée, sont à peu près les seules
occupations de la population maritime ; le temps que
ces hommes passent à terre au retour des voyages
réguliers que nécessite cette pêche, est employé,
par eux, à dépenser au jeu le peu d’argent qu’ils y
ont amassé.
Rien ne saurait peindre la fureur de ces malheureux
pour les jeux de hasard. On rencontre à chaque
instant des espèces de maisons publiques oû se presse
une foule compacte, autour de mauvaises tables, sur
lesquelles les dés roulent constamment, au milieu
de la fumée de l’opium avec lequel les joueurs
s’enivrent, souvent, pour oublier un instant l’argent
que les coups du sort viennent de leur ravir. « Les
habitants de Makassar, dit M. Dubouzet, sont renommés
par leur passion pour l’opium. Tôutefois ,
grâce à la fermeté du gouvernement et à la police
qu’il a établie, on ne voit plus aujourd’hui que très-
rarement, de ces scènes sanglantes dans lesquelles
des hommes enivrés par cette funeste drogue, couraient
dans les rues, le kris à la main, et poignardaient
tous ceux qui se trouvaient sur leur passage.
Souvent ces crimes étaient prémédités, et l’ivresse
n’était plus qn’im prétexte à la faveur duquel ces misérables
parvenaient à assouvir des vengeances per1
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