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 quittâmes  les  rivages de  la Nouvelle-Hollande,  et  les  
 vents  d’est  commençaient  à  peine  à  souffler  régulièrement. 
  Aussi fûmes-nous ballottés quelques jours  
 par  des  vents  généralement  faibles  et  variables  qui  
 ne  nous  permirent  d’approcber  la  pointe  méridionale  
 des  îles Arrou  que  le  12  dans  la  soirée.  La mer  
 qui sépare ces îles de l’Australie nous fournit plusieurs  
 échantillons d’histoire naturelle assez intéressants ; les  
 oiseaux  y  étaient  nombreux  ;  plusieurs  troupes de  
 marsouins vinrent s’agiter  autour de nos corvettes, un  
 d’eux  fut  harponné par nos  pêcheurs,  mais  la vitesse  
 du  navire  empêcha  de  l’amener  à  bord.  En  approchant  
 de la  terre nous  retrouvâmes  encore sur la mer  
 beaucoup de  serpents  d’eau,  pour la plupart endormis  
 à la surface  et  une grande quantité de bonites. 
 Les  calmes  et  les  pluies  presque  continues  qui  
 vinrent  ensuite  nous  masquer  la  terre  ne  nous  permirent  
 de  commencer  la  reconnaissance  du  groupe  
 que  dans  la  matinée  du  lA.  La  route  fut  donnée  
 à  l’ouest  pour  prolonger  l’étroite  bande  de  terre  
 qui  limite  ces  îles  vers  le  sud ;  quoique  à  une distance  
 de plus  de  trois  à  quatre milles,  la  sonde n’indiquait  
 que  des  fonds  de  peu  de  profondeur,  variant  
 de  vingt  à  quatorze  brasses.  Vers  le  soir même  nous  
 sondâmes  par  huit  brasses,  serait-ce  sur  un  banc  
 isolé ?  ou  bien  les  terres  se  prolongent-elles  vers  le  
 sud par un bas-fond sous l’eau de peu de profondeur?  
 je  l’ignore;  la prudence me  commandait  de  prendre  
 le  large  pour  la  nu it,  et  lorsque  le  lendemain  nos  
 corvettes  vinrent  longer  la  côte  à  une jolie  distance 
 occidentale  de  ces  terres,  la  sonde  accusa  toujours  
 un  fond  régulier de dix-huit  à  vingt brasses. 
 Trana,  la  plus  septentrionale  de  tontes  ces  îles  
 est aussi de beaucoup la plus grande.  C’est  une  terre  
 plate,  peu  élevée  au-dessus  du  niveau  de  la  mer  
 et  entièrement  couverte  d’arbres.  Vers  le  sud  elle  
 laisse  voir  deux  ou  trois  monticules  de  fort  peu  de  
 hauteur,  mais  qui  cependant  apparaissent  comme  
 des  îlots  séparés  lorsqu’on  atterrit. L’aspect de  cette  
 terre  est  des  plus  uniformes ; malgré  toutes  nos  recherches, 
   nous  ne  pûmes  y  découvrir  aucune  trace  
 d’habitations  ni  d’arbres  fruitiers.  D’après  les  renseignements  
 que  m’a  donnés M.  Earl  à  Essington,  
 cette  île  serait habitée  par  des Arafonras qui  n’ont  
 eu  jusqu’ici  que  fort  peu  de  relations  avec  les  
 étrangers. 
 La  nuit  était  venue  bien  avant  que  nous  eussions  
 aperçu  la  pointe  septentrionale  de  cette  île.  Ce  ne  
 fut  que  le  lendemain,  vers  les  dix  heures  du matin,  
 que  nous  arrivâmes  par  le  travers  d’un  canal  assez  
 étroit qui  sépare  l’île  Trana  de  la  terre  plus  petite,  
 appelée  Meikor.  Un  joli  village  ,  ombragé  par  de  
 nombreuses touffes de cocotiers ou de sagoutiers, était  
 assis  sur  l’île  Meikor,  sur le  bord  du  canal qui  semble  
 promettre  un  bon  ancrage. 
 Bientôt  nous  apercevons  deux  pirogues  qui  s’en  
 détachent et portent sur nous. L’une d’elles et la moins  
 grande des deux,  dirigée  par sept  hommes,  parvient  
 à nous accoster.  Elle est montée par des Malais au teint  
 assez  basané  qui  sont  venus  uniquement pour  nous 
 VI.  G 
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