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 1839. 
 Mal. 
 200  VOYAGE 
 sensible à  cette  politesse.  Pendant  longtemps  il  examina  
 attentivement  la  figure  de  S.  M.  Louis-Phi-  
 lippe,  et il finit par me dire qu’elle  ressemblait beaucoup  
 à celle  du  roi  Guillaume,  dont il me  montra  le  
 portrait  narfaitement  encadré  et  suspendu  à  la muraille  
 dans  un  coin de la salle. Enfin, il ne  nous  laissa  
 partir  qu’après  nous  avoir  renouvelé  l’assurance de 
 son  amitié  et de  son  estime. 
 Pendant toute cette  conférence, M.  Bousquet  voulut  
 bien me servir  d’interprète et s’entretenir  avec le  
 régent en  malais ,  mais  il  m’assura  que  c’était  contraire  
 aux lois de l’étiquette ;  il m’apprit  aussi que  le  
 régent  était  revêtu  du titre le plus  élevé  dans  le pays  
 après le sultan,  titre  qui  est  rarement  confié,  celui  
 de  bitchara-bouda,  dont  la  signification  textuelle  est  
 qui parle  en aveugle.  Il  serait  curieux  de  pouvoir  découvrir  
 l’origine de  cette dénomination.  Si  ceux  qui  
 l’ont  créée  n’ont  pas  voulu  entendre  par  là  qu’un  
 chef  est  l’instrument  aveugle  de  la  Divinité,  qui  
 lui  inspire  toutes  ses  pensées,  il  semblerait  énoncer  
 une  grande  défiance  des  jugements  des  hommes.  
 Le  régent  étend  sa  domination  sur  Goa  et  sur  
 une  petite  principauté voisine,  dont  les  populations  
 réunies comportent environ  1A0,000  habitants. Cette  
 confédération est  la plus fidèle  alliée  des Hollandais.  
 On  m’assura  que  lors  de  notre  arrivée,  le  sultan de  
 Goa,  en  entendant les  coups  de  canon  que V Astrolabe  
 et le fort Botterdam avaient échangés  dans les saints, 
   avait  immédiatement  envoyé  un  émissaire  auprès  
 du gouverneur pour s’enquérir des motifs de ces 
 détonations,  et l’assurer  qu’il  était  prêt  à marcher  à  
 son secours  dans  le  cas où  la ville  de Makassar serait  
 menacée.  Les  deux  États  réunis  peuvent  mettre  sur  
 pied  10,000  hommes,  dont  3,000  cavaliers  bien  armés. 
   Pendant  la  guerre  de  Java,  le  sultan  de  Goa  
 ne  se  sépara  jamais  de  la  cause  des  Hollandais,  à  
 qui il  prêta l’appui  de  sa petite armée.  Il existe entre  
 les  deux  souverains  de Goa  et  de  Boni  une  rivalité  
 constante  qui  tend  à  affermir  la  domination hollandaise  
 ,  contre  laquelle  les  princes malais  ne  pourraient  
 p eu t-ê tre   lutter  qu’en  réunissant  leurs  forces. 
   D’un  autre  cô té ,  le  gouvernement  de  Java,  
 tout en  voyant  ces  divisions  intérieures de  l’île  d’un  
 oeil favorable,  s’est  établi  médiateur  entre  ces  deux  
 chefs  indépendants.  Le  gouverneur de Makassar  fait  
 tous ses  efforts pour entretenir la paix  parmi eu x ,  et  
 c’est  chose  fort  difficile. Cependant les  États  du  sultan  
 de Goa ne sont plus que de faibles débris du  puissant  
 empire  de  Makassar,  que  les  Portugais  trouvèrent  
 à leur arrivée sur l’île Célèbes ; mais les guerriers  
 de  cette nation ont  toujours conservé  une  grande  réputation  
 de  bravoure,  et  ces  souverains  ont  encore  
 aux  yeux  de  tous  les  peuples de  l’île  cette  espèce  de  
 prestige  qui  s’attache  en  général  aux  vieilles  races. 
 Nous étions de retour au palais du gouverneur vers  
 six  heures  ;  M.  Bousquet  nous  y  oflrit  un  dîner  
 splendide,  dont  il  fit,  comme  à l’ordinaire,  les  honneurs  
 avec  une  grâce  toute  particulière.  J’appris  
 que  ce même  jour,  la  cérémonie  principale  du  mariage  
 chinois,  dont j’avais  déjà  vu  les  apprêts,  avait 
 1839. 
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