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 Février naturelle  dont  les  Moluques  sont  la  patrie;  il  me  
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 demanda  à  ce sujet  une  note  de  tous wo% desiderata,  
 avec  promesse de  s’en  occuper  sérieusement,  et  de 
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 nous les expédier à l’endroit que je  voudrais bien désigner  
 ,  aussitôt qu’il aurait pu se les procurer. P u is,  
 après m’avoir  fait promettre que  le jour suivant nous  
 irions  faire  ensemble  une  promenade  sur  la  grande  
 Banda,  afin de  visiter les plantations de muscadiers,  
 nous  nous  séparâmes  en  désirant  mutuellement  de  
 nous  revoir le  lendemain. 
 Dès  huit  heures  du  matin  trois  pirogues,  armées  
 de  vingt-cinq â  trente pagayeurs,  quittent la  terre et  
 se dirigent sur les corvettes ; elles sont garnies de ban-  
 derolles  comme  pour un jour de  fête,  l’une  est destinée  
 â  porter le  gouverneur,  le  résident  et  le  capitaine  
 de  la  corvette  le  Triton.  Les  autres  servent  
 d’escorte. Ces dernières portent des hommes armés des  
 boucliers et  des  armures  des  anciens  habitants,  simulant  
 des  combats,  ou  exécutant  des  pantomimes  
 burlesques ;  dans  une  de  ces  embarcations  se  trouvent  
 deux  individus  habillés  en  chevaliers,  le  casque  
 en  tê te ,  et  qui,  avec une  patience  et un  flegme  
 admirables,  balancent  leur  corps  alternativement  â  
 droite et â gauche,  en suivant la mesure indiquée  par  
 les  gongs,  accompagnement  obligé  de  toute  pirogue  
 marchant â  l’aide  de  la  pagaye.  L’un  d’eux  ne  
 se  lasse  pas  de battre l’air,  â  coups  redoublés,  avec  
 un  sabre  de  bois.  En  même  temps,  le  loustic  de  
 la  troupe  n’épargne  pas  ses  grimaces. 
 Ces  deux embarcations ,  dont  la marche  était bien  
 supérieure  â  celle de  nos canots dans  lesquels j’avais  
 pris place  avec plusieurs de MM. les officiers poursuivre  
 le  gouverneur, ne cessèrent d’évoluer que lorsque  
 nous  accostâmes  la  terre,  vers  sa  pointe  ouest,  devant  
 un amas de jolies maisonnettes assises sur le bord  
 de la mer au pied  de rochers â pic qui surplombaient  
 leur toiture. L’une de ces habitations appartenait â un  
 planteur qui vint nous en faire les honneurs avec grâce  
 et  surtout  avec  franchise  et  cordialité.  Aussitôt que  
 nous eûmes pris  quelques  rafraîchissements,  chacun  
 de  nous  se  plaça  dans  un  commode  palanquin,  et  
 bientôt enlevés par de  vigoureux esclaves, nous nous  
 trouvâmes transportés  au  milieu  des plus  jolis  bois  
 que l’on puisse rencontrer.  J’ai déjà dit, je  crois, que  
 l’île  Lonthoir  ou  Grande-Banda,  était  assez  élevée  
 et  accidentée.  Cette île  qui  a  une  très-faible largeur,  
 est formée  par  une  chaîne montueuse  s’étendant de  
 l’est  à  l’ouest dans  toute sa longueur.  Pour gravir sur  
 l’arête,  les  Hollandais  ont  pratiqué  dans  le  roc  de  
 longues rampes  d’escaliers  qui sont  entretenues avec  
 un  soin  infini.  Ce  fut  à l’aide de  l’une  de ces  rampes  
 que nos porteurs nous amenèrent sur la partie la plus  
 élevée  de  l’île  Lonthoir.  Puis  nous  entrâmes  dans  
 une forêt de muscadiers  abrités  des  ardeurs du soleil  
 par  des  arbres  gigantesques  q u i,  conservés  exprès,  
 les  couvrent  de  leur  ombre.  Après  avoir  suivi  pendant  
 quelque temps  le  sommet de l’arête  que  forme  
 cette terre,  à  travers  un  sentier  bien  battu  et  délicieux  
 ,  nous  arrivâmes  au  point  culminant  de  cette