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 que  je  quittai  ensuite  dans  l’après-midi  pour  aller  
 explorer  le  pourtour  du  havre  Dubus.  Une  petite  
 plage, que  l’on  apercevait  du  bord  des  corvettes, au  
 sud  du  mouillage,  m’engagea  à  y  conduire  ma  baleinière. 
   Mais  j’y  trouvai  la  terre  déserte  et  la  forêt  
 impénétrable;  des  lianes  innombrables  enlaçaient, 
   dans  tous  les  sens,  les  arbres  gigantesques  
 qui la formaient ;  on n’entendait même pas de cris d’oiseaux; 
   les  insectes me  parurent  tout  aussi  rares.  Je  
 me  hâtai  de  quitter  ces  lieux  pour  aller  explorer  la  
 pointe  septentrionale  de  l’embouchure  de  la  rivière.  
 Là,  es palétuviers  avaient envahi le rivage, une vase  
 noire  et  d’une  odeur  fétide  couvrait  leurs  pieds; je  
 ne restai pas  longtemps  pour me  convaincre que j’avais  
 choisi  un mauvais  terrain  pour  mes  recherches  
 d’histoire  naturelle,  et  je me  dirigeai  au  sud-est de  
 notre mouillage,  au fond du  port,  où la  terre  paraissait  
 s’élever un peu et offrir des espaces plus  dégagés;  
 ce fut là aussi que plus tard nos embarcations découvrirent  
 une aiguade.  J’y  trouvai  sept  ou  huit  sauvages  
 réunis  autour de  trois  embarcations.  Ces hommes,  
 accroupis  sur  le  sable,  ne montrèrent ni  crainte  ni  
 mécontentement en me  voyant aborder  sur  la plage.  
 Sur la demande que je leur fis de me conduire vers leurs  
 demeures,  ils  me  montrèrent la  forêt,  à  travers  laquelle  
 serpentait un petit sentier bien déblayé et bien  
 battu. J’y dirigeai ma promenade, et bientôt  après,  à  
 trois  cents  ])as de  la  mer  environ, je  rencontrai  une  
 cabane  assise  près  du  lit  d’un  torrent  sur  les  racines  
 d’un  arbre  immense  qui  l’ombrageait  de  son  
 épais  feuillage.  Elle  se  composait  d’un  simple  toit  
 informe supporté par des piquets. Quelques nattes en  
 assez mauvais état formaient la  clôture d’un côté seulement  
 ;  au milieu on  voyait  une  petite  estrade  qui  
 servait  sans doute  de  l i t ,  et tout autour de cette demeure  
 on  remarquait de  grands  amas  de  coquilles.  
 Cette  cabane  était  entièrement  déserte  depuis  le  
 matin. Nos  officiers, descendus  à  terre,  s’étaient  répandus  
 dans  la  forêt pour  y  chasser ;  un  d’entre  eux  
 m’a  assuré  que  les  premiers  qui  se  sont  engagés  
 dans  ce  sentier  avaient  rencontré,  dans  cette  cabane, 
   plusieurs  naturels  et  même  une  femme,  qui  
 s’étaient  hâtés  de  fuir à  l’approche  des  Européens ;  
 les  nombreux  coups  de  fusil  destinés  aux  oiseaux  
 au  riche  plumage  de  la  Nouvelle-Guinée  qui  se faisaient  
 entendre  dans  la  forêt  étaient  peu  propres  à  
 les  rassurer. 
 Je  continuai  ensuite  à  m’avancer  encore  pendant  
 plus d’une demi-heure le long du  sentier,  qui  semble  
 se  diriger  vers la montagne.  Je  finis  par  rencontrer  
 une  cabane  un  peu  mieux  construite  que  la  première, 
   et qui  paraissait être habituellement occupée.  
 Je  la  trouvai  vide;  sans  doute  les habitants,  effrayés  
 par  mon  arrivée,  s’étaient  enfuis,  et  suivant  toute  
 probabilité  ils  s’étaient  cachés  dans  les  bois  d’où  ils  
 pouvaient surveiller mes mouvements. Ils ne se montrèrent  
 point  pendant  les  quelques  minutes  que  je  
 mis  à  la  considérer.  J’y  remarquai  des  nattes  assez  
 bien tressées, quelques tasses en porcelaine de Chine, 
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