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 maisonnette  pour  jouir  à  notre  aise  du  haut  de  sa  
 terrasse  du  superbe  point  de  vue  de  la  rade.  Le  
 volcan  de  Banda  nous  montrait  ses  flancs  arides  
 et  brûlés,  et  sa  tête  cachée  par  l’épaisse  fumée  qui  
 s’échappe de  ses  flancs ;  à  ses  côtés File  Neira,  couverte  
 de  hautes  habitations  ombragées  par  d’épais  
 feuillages,  ressortait,  pleine  de  vie,  près  de  son  
 terrible  voisin,  le  Gounong-Api  ou  montagne  de  
 feu ,  qui  de  temps  à  autre  rejette jusque  sur  la  ville  
 les  cendres et les  scories  vomis  par  le  cratère.  P u is,  
 enfin,  et  comme  à  nos  pieds,  se  dessinait  la  rade  
 dont  nous  pouvions  suivre  toutes  les  sinuosités;  la  
 riche  et  brillante  végétation  de  la  Grande-Banda,  
 sur  laquelle  l’oeil  dominait,  encadrait  à  merveille  
 ce  tableau,  tandis  qu’au  loin  on  voyait  se  dessiner  
 sur  l’horizon  de  la  mer  les  quelques  petites  îles  
 qui  font partie  du  groupe  de  Banda.  Ce  coup  d’oeil  
 est un des  plus jolis que je connaisse ;  la nature semble  
 avoir  réuni  sur  un petit  espace  les  contrastes les  
 plus frappants. M.  Goupil,  qui faisait partie  de notre  
 caravane,  se  hâta  de tirer ses  crayons et  de  prendre  
 le  croquis  de  ce  charmant  panorama.  Au même  instant  
 MM. Dumoulin et Hombron, qui,  accompagnés  
 par  plusieurs  officie t s ,  avaient  entrepris  de  gravir  
 le  Gounong-Api,  afin  de  visiter  l’entrée même  du  
 cratère,  montrèrent  leur  silhouette  sur  le  sommet  
 de  ce cône  embrasé.  Ce  ne  fut qu’après  avoir  passé  
 près d’une heure sur notre belvédère, que nous  reprîmes  
 le chemin du rivage en descendant par un sentier 
 extrêmement  rapide  oû  l’habileté  bien  connue  de  
 nos porteurs  nous rassurait à peine contre les dangers  
 d’une  chute.  Nous  arrivâmes  bien  vite  sur  le  bord  
 de la mer,  à  l’habitation d’un  planteur  oû  nous  attendait  
 un  excellent déjeuner, dont le maître de l’habitation  
 nous  fit  les  honneurs  avec  grâce  et  surtout  
 avec  cordialité.  Il  était  deux  heures  lorsque  nous  
 remontâmes  dans  nos canots'pour  regagner nos  navires. 
   J’avais  à  peine monté  l’échelle  de  l’Astrolabe  
 que je  vis arriver MM. Dumoulin, Hombron et Gourdin  
 qui  rentraient  aussi  après  avoir  gravi  le  Gounong 
 Api. 
 «A  trois  heures  du matin  (dit  le  premier  de  ces  
 messieurs ) ,   tons  nos  préparatifs  de  départ  étant  
 faits,  nous  nous  rendîmes  sur  Banda-Neira  pour  
 gravir  la  montagne  du  Volcan.  Nous  y  trouvâmes  
 dix  condamnés  qui,  par  les  soins  de  M.  le  gouverneur, 
   nous  attendaient pour  nous  servir de  guides.  
 Ils  eurent  bien  vite  chargés  sur  leurs  épaules  d o s   
 bagages,  consistant  en vivres et  instruments,  et nous  
 nous  disposâmes  à  franchir  le  canal 'qui  sépare  Banda 
 Neira  du  Gounong-Api.  Nous  avions malheureusement  
 renvoyé  l’embarcation  qui  nous avait amenés  
 à  terre,  et  il  fallut  un  peu de  temps  pour en  trouver  
 une  destinée  à nous faire  franchir  cet  obstacle.  Toutefois  
 la  nuit  était  encore  très-noire  lorsque  nous  
 fûmes aux pieds du volcan ; nous y trouvâmes c{uelques  
 misérables  cabanes  assises  aux pieds de  la montagne  
 sur  le  bord  du  canal,  entourées  par  quelques  arbrisseaux  
 rabougris  et  souffreteux, au travers  desquels  il 
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