1830.
Avril.
voyait au milieu des cabines, ressemblant à des cages
à poules, line infinité de paquets, des sacs de riz, des
coffres, e t c ., etc. En dessous se trouvaient la cale à
eau, la soute du tripang et le logement des matelots.
« Chacun de ces bateaux est muni de deux gouvernails
( un de chaque côté), qui se soulèvent à volonté
lorsque le bateau touche le fond. Ces navires vont ordinairement
à la voile ils sont munis de deux mâts
sans haubans qui peuvent à volonté se rabattre sur
le pont au moyen d’une charnière. Leurs ancres sont
toutes en bois, car le fer n’entre que bien rarement
dans les constructions malaises. Leurs câbles sont
en rotin ou en gomotou. L’équipage se compose de
trente-sept hommes environ. Le nombre des embarcations
est de six pour chaque bateau. Au moment de
nos visites elles étaient toutes occupées à la pêche
et quelques-unes étaient mouillées à petite distance
de nous. Sept à huit hommes à peu près nus plongeaient
pour aller chercher le tripang au fond de
l’eau. Le patron de l’embarcation seul se tenait debout
et ne plongeait pas. Un soleil ardent dardait ses
rayons sur leurs têtes sans les incommoder ; il n’y a
pas d’Européen qui puisse tenir plus d’un mois à faire
un pareil métier. Il était près de midi et notre capitaine
malais nous assurait que c’était le moment le plus
favorable pour la pêche. Nous apercevions en effet facilement
chacun des plongeurs, revenant chaque fois
à la surface de l’eau, en tenant au moins un poisson
et souvent deux à chaque main. 11 paraît que plus le
soleil est élevé au-dessus de l’horizon, mieux ils peuvent
distinguer leur proie et la saisir facilement. Les
plongeurs paraissaient à peine à la surface pour rejeter
dans le canot le poisson qu’ils avaient saisi, et ils
replongaient immédiatement. Lorsque ces embarcations
étaient suffisamment chargées, elles étaient
remplacées par des canots vides et conduites à la plage
de l’île. Je suivis l’une d’elles pour assister à la cuisson
du tripang qu’elle apportait.
« Le tripang ou holothurie de la baie Rafles avait
à peu près cinq à six pouces de long sur deux pouces
de diamètre. C’est une grosse masse charnue affectant
la forme d’un cylindre et dans laquelle on ne
distingue à l’extérieur à peu près aucun organe. Ce
mollusque colle sur le fond de la mer, et comme il
n’est susceptible de prendre qu’un mouvement très-
lent , les Malais le saisissent facilement ; le premier
mérite du bon pêcheur est de savoir parfaitement
plonger et d’avoir un oeil exercé, pour le distinguer
sur le fond de l’eau. Pour le conserver les pêcheurs
le jettent encore vivant dans une chaudière d’eau
de mer bouillante, où ils le remuent constamment
au moyen d’une longue perche de bois qu’ils appuient
sur une fourche fichée en terre afin de faire
levier. Le tripang rend en abondance l’eau qu’il contient
; au bout de deux minutes environ on le retire de
la chaudière. Unhomme arméd’un largécouteau l’ouvre
pour en extraire les intestins, puis il le rejette
dans une seconde chaudière où on le chauffe de nouveau
avec une très-petite quantité d’eau et de l’écorce
de mimosa. 11 se forme dans la deuxième chaudière de
H
rl: