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 longue  et  vaste  baie  sépare  de  l’île Adi ;  notre  route  
 fut  aussi  traversée  par  de  nombreux  et  de  volumineux  
 paquets  de  fucus  ou  de  détritus  végétaux,  annonçant  
 de  forts  courants  ou  de  grandes  rivières  
 dont  nous  approchions  les  embouchures. 
 Enfin,  les  terres de la Nouvelle-Guinée sont devant  
 nous;  elles  paraissent  hautes  et  accidentées;  une  
 ceinture  d’îles  assez  étendues  l’entoure;  puis  les  
 montagnes  indiquent  un  canal  profond mais é tro it,  
 que M.  Dumoulin  croit devoir communiquer jusqu’à  
 la  baie  de Geelvinck,  ensuite  le  rivage  change tout à  
 fait  d’aspect  :  les  terres  deviennent  basses  et  très-  
 boisées,  de  hauts  sommets  les  couronnent  dans l’intérieur. 
   Une haute montagne  conique  est remarquable  
 par  sa  forme,  qui  de  loin  semble  indiquer  une  
 île , mais dont le pied paraît se lier avec la terre basse.  
 C’est  un  excellent point de  reconnaissance  pour l’entrée  
 du  canal  que  nous venons de découvrir,  car  elle  
 est  peu  éloignée  et  se  voit  à  grande distance ;  c’est  
 aussi  cette  montagne  qui  nous  servira  à  lier  notre  
 travail  de  la  journée  avec  celui  du  lendemain. 
 Après avoir passé la nuit en courant des bordées sous  
 petite  voilure,  nous  nous  retrouvons  à huit  heures  
 du  matin  près  le  cap Debelle,  dont  les  terres basses  
 forment  saillie  en  accusant  un changement de direction  
 dans  le  gisement  de  la  côte.  A  partir de là, jusqu’au  
 soir,  les  terres  présentent  une  uniformité  
 désespérante ;  partout  elles  sont  couvertes  de  majestueuses  
 et  riches  forêts  dont  le  pied  n’est  élevé 
 que  de  quelques  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la  
 mer.  D’épais  nuages  indiquent  qu’à  l’intérieur  se  
 trouvent de hautes  montagnes;  mais  c’est  à peine si  
 nous pouvons en relever quelques sommités  à travers  
 les  brumes  épaisses  dont  elles  sont  entourées.  De  
 distance en distance quelques coupées dans les arbres  
 du  rivage  semblent  indiquer  d’étroits  canaux  séparant  
 de  petites île s ,  ou bien  encore des embouchures  
 de  larges  et  abondantes  rivières.  C’est  en  vain  que  
 nous  cherchons  à  distinguer  des  habitations  sur  
 cette  basse  terre ;  les  arbres fruitiers y paraissent fort  
 rares,  sur  un  seul  point  nous  apercevons  quelques  
 touffes  de  cocotiers,  une  plage  de  sable  et  trois  
 ou  quatre  malheureux  habitants.  Notre  route  est  
 fréquemment  traversée  par  de  longues  lignes  blanches  
 d’écume produite par la rencontre des courants.  
 Dans  ces  lits de marées  se  trouvent  réunis  de  nombreux  
 détritus végétaux,  souvent des  troncs  d’arbres  
 entiers enlevés  probablement sur  la grande terre  par  
 les courants d’eaux fluviales qui la  traversent. Au-dessus  
 de  ces  débris  planent  des  milliers  d’oiseaux  de  
 mer  qui  y  cherchent  leur  nourriture.  Nos  naturalistes  
 ,  prévenus  par les  cris  des  oiseaux  rassemblés  
 sur  ces  lits  de marées,  font  une  pêche  fructueuse.  
 A  l’aide  de  crochets  et  de  filets  attachés  derrière  le  
 navire, ils  amènent  à bord des paquets de  fucus très-  
 curieux  à connaître,  et au milieu  desquels  ils  découvrent  
 encore  une  foule  d’animalcules  du  plus  haut  
 intérêt. 
 Jamais  la mer ne nous a paru plus riche qu’aujour